Emmanuel Macron réunit à l’Élysée les « plus grands talents français de l’IA » (Paris, 22 mai 2024).
L'Élysée annonce 400 millions pour l'intelligence artificielle
400 millions d'euros pour l'intelligence artificielle, c'est l'annonce faite aux « plus grands talents français de l'intelligence artificielle », rassemblés mardi 21 mai à l'Élysée par le président de la République.
Par Nicolas Deguerry - Le 24 mai 2024.
En 2018, un an après la première élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, un « Plan intelligence artificielle » doté d'1,5 milliard d'euros était lancé et Cédric Villani remettait au Premier ministre Édouard Philippe son rapport parlementaire Donner un sens à l'IA - Pour une stratégie nationale et européenne (notre article). En 2024, l'intérêt de l'État pour l'IA demeure, comme vient de le rappeler à deux reprises le président Macron.
D'abord, à l'occasion de son discours de clôture du Sommet mondial de l'IA de Séoul, prononcé le 21 mai en visioconférence, au cours duquel il a plaidé pour une « gouvernance internationale de l'IA » fondé sur le « triptyque sciences, solutions et standards », et annoncé que le prochain Sommet pour l'action sur l'IA se tiendrait en France les 10 et 11 février 2025.
Ensuite, le 21 mai, à la veille de l'ouverture du salon VivaTech à Paris, où le président a réuni pendant près de 4h au palais de l'Élysée les « plus grands talents français de l'IA. »
Évoquant la création d'un modèle français européen, Emmanuel Macron s'est félicité de la montée en puissance d'un écosystème national aujourd'hui riche de « 600 start-ups spécialisées en IA. » Au cœur du « réveil stratégique » qu'il appelle de ses vœux, figurent des « choix profonds en termes de recherche, de formation, d'investissement business, mais également de régulation et de diplomatie. »
Vivier féminin
Côté talents, le président a évoqué un fort enjeu d'orientation en appelant à « favoriser et encourager l'accès des jeunes femmes aux filières du numérique et à tous les métiers qui sont au cœur de l'IA », sur le modèle du programme TechPourToutes lancée à VivaTech 2023. Parce que « l'offre de formation est trop limitée », Emmanuel Macron s'est appuyé sur les recommandations du Comité de l'IA pour appeler à « former plus massivement à l'IA » en activant les « leviers de contractualisation » en cours de déploiement dans le cadre de la réforme des universités. La recherche devra aussi investir davantage le domaine dans un esprit accru d'interdisciplinarité.
IA Clusters
C'est dans cet objectif que l'État va mobiliser France 2030 pour investir 400 millions d'euros supplémentaires au bénéfice des 9 clusters IA [ 1 ]France 2030 compte 9 "IA Clusters", pôles d'excellence en formation sur l'IA : Auvergne-Rhône-Alpes (université Grenoble Alpes) ; Bretagne (université de Rennes) ; Grand-Est (université de Lorraine) ; Île-de-France (Institut polytechnique de Paris, université Paris-Saclay, Sorbonne Université, université Paris Sciences & Lettres) ; Occitanie (université de Toulouse) ; Provence-Alpes-Côte d'Azur (université Côte d'Azur).. Ambition assumée : un « gros effort de formation supplémentaire » pour passer d' « à peu près 40 000 » personnes formées par an à 100 000, dont 20 000 en formation continue. Pour Emmanuel Macron, l'excellence visée suppose également que les clusters s'organisent pour attirer des « talents internationaux. »
Co-investissement
Au-delà du seul volet formation, le président a souligné que « l'objectif de France 2030, c'est au moins 4 milliards sur l'IA », qui devront être complétés par « beaucoup plus de financements européens et des financements privés. » Se réjouissant que l'Europe soit « le continent qui régule le mieux et le plus », il se désole en revanche que ce soit aussi celui qui « investit le moins. » D'où le lancement d'un fonds IA, aujourd'hui franco-français et demain, il l'espère, franco-allemand voire européen, qui serait destiné à être amorcé par les États et enrichi par le marché.
Bataille culturelle
Sur le plan démocratique, Emmanuel Macron souligne que le maintien d'un « principe d'accès équitable et massif à l'IA sur tout notre territoire » suppose l'appropriation éclairée d'une telle rupture technologique. D'où l'annonce d'une « mission d'acculturation des citoyens à l'IA » confiée au Conseil national du numérique, pour le déploiement d'« une IA éthique, transparente, ouverte et loyale. »
En amont, l'éducation et l'information sont selon lui essentielles dès le collège, avec la mobilisation d'outils de sensibilisation et de formation tels que la plateforme Pix . En entreprise, le président souhaite « la mise à disposition des entreprises françaises un référentiel des cas d'usage testé et approuvé pour qu'elles aient une vision claire des solutions disponibles, notamment françaises, d'ici la fin de l'année. »
Enfin et dans la perspective d'une plus grande acceptabilité sociale, un travail de préfiguration des besoins de requalification liés à l'IA est à orchestrer.
Notes
1. | ↑ | France 2030 compte 9 "IA Clusters", pôles d'excellence en formation sur l'IA : Auvergne-Rhône-Alpes (université Grenoble Alpes) ; Bretagne (université de Rennes) ; Grand-Est (université de Lorraine) ; Île-de-France (Institut polytechnique de Paris, université Paris-Saclay, Sorbonne Université, université Paris Sciences & Lettres) ; Occitanie (université de Toulouse) ; Provence-Alpes-Côte d'Azur (université Côte d'Azur). |