Christopher Sullivan, président des Acteurs de la compétence, directeur général d’ICDL France. © Les Acteurs de la compétence – Julien Cresp
Les Acteurs de la compétence proposent de ramener l'aide à l'embauche d'un apprenti à 4 500 euros
A la veille d'arbitrages budgétaires qui s'annoncent âpres, la fédération des Acteurs de la compétence appelle à lancer au plus vite des concertations et met sur la table des propositions « en responsabilité », lors d'une conférence de presse organisée le 25 septembre.
Par Catherine Trocquemé - Le 26 septembre 2024.
Entre fatalisme et inquiétude. Le monde de la formation professionnelle se prépare à un retrait des politiques publiques dans un contexte budgétaire tendu. Face à ce qui ressemble de plus en plus à une cure d'austérité, il faut à tout prix éviter de casser la dynamique. « Nous tenons à rappeler l'importance des compétences pour la compétitivité de nos entreprises et notre souveraineté économique », insiste Christopher Sullivan, président des Acteurs de la compétence lors d'une conférence de presse organisée mercredi 25 septembre à Paris. Si l'on en croit la lettre de plafond adressé au ministère du Travail fin août et les prises de parole des responsables politiques, l'apprentissage devrait tout particulièrement en faire les frais. « L'apprentissage est un sujet à risque. C'est un puissant dispositif pour l'emploi et le développement de compétences adaptées aux besoins des entreprises », plaide Christopher Sullivan. La fédération professionnelle avance ses propositions « en responsabilité », comprenez en intégrant des économies.
Trois mesures pour 1,5 milliard d'euros d'économies sur l'apprentissage
Parmi elles, celle très concrète de baisser l'aide à l'embauche d'un apprenti à 4 500 euros contre 6 000 euros actuellement. En ajoutant un travail sur le calcul des niveaux de prises en charge des contrats d'apprentissage et sur les exonérations au paiement de la taxe d'apprentissage, les Acteurs de la compétence chiffrent à environ 1,5 milliards d'euros les économies générées par ces trois mesures. Avec un mantra, la simplification et la non-différentiation. « La complexité n'amène jamais d'économies », explique Claire Khecha, sa déléguée générale. D'autres réseaux comme CMA France ou la Fnadir avancent pourtant des priorités en fonction de la taille des entreprises, du niveau de certification professionnelles visées ou des politiques des branches professionnelles. Les Acteurs de la compétence demandent à ce que s'ouvre le plus rapidement possible une concertation « pour trouver le juste équilibre et stabiliser le financement de l'apprentissage ».
Un projet universel de reconversion professionnelle
Sur le CPF (compte personnel de formation) dont le marché s'est refermé sous la pression d'une régulation à marche forcée la fédération professionnelle plébiscite cet outil « adapté aux transformations rapides des métiers et qui a rendu la formation accessible au plus grand nombre », rappelle Christopher Sullivan. Pas question là non plus de moduler les efforts des politiques publiques. Pour les Acteurs de la compétence, les abondements des entreprises doivent enfin se concrétiser. En cours de finalisation à la CDC (Caisse des dépôts et consignations), ses modalités techniques doivent débloquer cette approche de co-construction et donner ainsi un second souffle au CPF. « Ce dispositif représente une brique dans un parcours plus large allant jusqu'aux reconversions professionnelles », ajoute Christopher Sullivan. Les Acteurs de la compétence militent pour un projet universel de reconversion professionnelle qui fusionnerait les dispositifs existant autour de deux volets : à l'initiative individuelle accompagnée par les Transitions Pro et au sein de l'entreprise « en maintenant la rémunération et le contrat de travail ». Là aussi, d'autres pistes ont été proposées notamment par les partenaires sociaux. Et, là aussi, une concertation devra s'engager en attendant les arbitrages politiques. Le débat à venir sur le budget donnera vite le ton et une idée des marges de manoeuvre financières.