Les certificateurs s'engagent (Les Acteurs de la compétence)

Après une phase intense de régulation, les propriétaires de certifications professionnelles enregistrées aux répertoires nationaux reprennent l'initiative. Les Acteurs de la compétence proposent une charte d'engagement aux certificateurs du marché dans une démarche de professionnalisation et de reconnaissance de leur métier.

Par - Le 05 novembre 2024.

Gros temps pour les certificateurs. Bousculés par la réforme systémique des deux répertoires nationaux pilotée par France compétences et par la vague de fraudes sur le CPF, les organismes propriétaires de certifications professionnelles doivent repenser leurs pratiques. Prise dans la tourmente d'une régulation menée à marche forcée, la profession décide de reprendre son destin en main. Les Acteurs de la compétence proposent, depuis le 22 octobre dernier, une charte d'engagement ouverte à tous les organismes certificateurs. « Il s'agit d'harmoniser les pratiques et de les accompagner dans la professionnalisation de leur activité », précise Laurence Carlinet, présidente de la commission certification de la fédération professionnelle. Cette initiative marque la volonté des certificateurs de jouer pleinement leur rôle de régulateur dans un marché en pleine transformation et de se faire entendre des pouvoirs publics.

Professionnaliser le métier de certificateur

Sésame à la mobilisation de la plupart des dispositifs financés sur fonds publics, la certification professionnelle est devenue un élément clé des modèles économiques. Or, le marché en cours de structuration, constitué d'acteurs aux profils et aux pratiques disparates, a été fragilisé. « Les fraudes nous ont directement impactés en tant que certificateurs. La réputation compte beaucoup dans la valeur de nos entreprises », note Vincent Chevillot, président de la commission certification des Acteurs de la compétence. L'heure est à la professionnalisation de ce qui représente désormais un métier à part entière. La charte répond à cet enjeu et à un impératif de pédagogie en rappelant les obligations durcies par le nouveau cadre réglementaire. Conscients de leur part de responsabilité dans la régulation du système, les Acteurs de la compétence ont voulu aller plus loin. Avec la charte, ils s'engagent ainsi à mettre en place des process vertueux comme la tenue d'une commission mensuelle d'habilitation ou encore la garantie pour les candidats d'une continuité de leurs parcours en cas de suspension d'un partenaire habilité.

Trouver sa place dans l'écosystème

La charte marque également la fin d'une période où les certificateurs pouvaient avoir le sentiment de subir la régulation. « L'état d'esprit a évolué. L'ensemble de l'écosystème se mobilise. Les certificateurs s'organisent et travaillent en lien avec la Caisse des dépôts, France compétences ou encore la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle », déclare Laurence Carlinet. Les Acteurs de la compétence qui comptent 184 certificateurs sur 1300 adhérents comptent peser dans les débats et les évolutions du système des certifications professionnelles. La mise en conformité et les exigences qualité impliquent des investissements. Les plus gros certificateurs ont même dû créer des services dédiés. La fédération alerte. "Attention à ce que les nouvelles obligations n'écartent pas les plus petits certificateurs du marché", précise Laurence Carlinet. D'autres sujets seront portés dans les mois qui viennent. Les nouvelles règles d'enregistrement portées par France compétences ne s'appliquent aujourd'hui qu'aux certificateurs privés.  « Il est essentiel que les pratiques des certificateurs publics soient alignées sur les mêmes exigences. C'est une question d'égalité de traitement sur le marché mais aussi, plus important encore, de lisibilité pour les bénéficiaires », Vincent Chevillot. Dans un contexte de restriction budgétaire, d'autres menaces planent sur l'activité des certificateurs. « La tentation de réguler par l'offre en limitant le nombre de certifications enregistrées ou éligibles aux fonds publics nous inquiète », ajoute Vincent Chevillot.