Les effets du boom de l'apprentissage sur l'assurance chômage
Le nombre d'ouvertures de droit à l'assurance chômage après un contrat d'apprentissage a plus que doublé entre 2019 et 2023. C'est l'un des effets du développement massif de cette modalité de formation après la réforme de 2018. Les anciens apprentis représentent 2 % des dépenses d'indemnisation pour l'année 2023, contre 1 % en 2019, selon une étude l'Unedic publiée le 17 juillet.
Par Estelle Durand - Le 06 septembre 2024.
La réforme de 2018 conjuguée aux mesures de soutien à l'embauche déployée pendant la crise sanitaire ont pour conséquence une augmentation massive des entrées en apprentissage : 850 000 en 2023. Un essor qui n'est pas sans incidence sur le régime d'assurance chômage. Si l'apprentissage constitue un levier d'insertion professionnelle, tous les apprentis n'accèdent pas à un emploi à l'issue de leur formation. Selon une note de l'Unedic publiée le 17 juillet, 165 000 anciens apprentis ont ouvert un droit à l'assurance chômage en 2023, un nombre qui a plus que doublé depuis 2019. A cette époque, l'Unedic recensait un peu moins de 70 000 ex-apprentis parmi les entrants à l'assurance chômage. Ce nombre va encore progresser, et sans doute tripler, selon l'Unedic, étant donné « le décalage temporel entre les entrées en apprentissage et les inscriptions à France Travail. »
8 % des ouvertures de droit à l'assurance chômage
Dans le détail, parmi les 165 000 anciens apprentis qui bénéficient de l'assurance chômage en 2023, 108 000 ont terminé leur formation en alternance et 57 000 ont interrompu leur contrat en cours de route. Les sortants d'apprentissage représentent désormais 8 % des ouvertures de droit à l'assurance chômage, contre 3 % en 2019. Autre enseignement de cette étude, le profil des ex-apprentis inscrits à l'assurance chômage évolue. Un mouvement qui coïncide avec le développement massif de l'apprentissage aux niveaux post-bac. La part des diplômés du supérieur parmi les anciens apprentis qui ouvrent un droit à l'assurance chômage augmente très nettement, passant de 34 % en 2018 à 54 % en 2023. Et les plus de 21 ans deviennent majoritaire : 56 % en 2023 contre 35 % en 2018.
Baisse de la durée des droits à partir de février 2023
Malgré la réduction de la durée des contrats d'apprentissage, l'Unedic observe une stabilisation de la durée des droits des ex-apprentis autour de 580 jours, soit 19 mois, pour la période 2018-2022. « L'effet à la baisse des durées des contrats a été compensée par l'effet à la hausse des durées de droit issues de la réforme d'assurance chômage 2019-2021 », précise l'étude. A partir de février 2023, en revanche, la durée des droits des ex-apprentis baisse de 25 %. Les raisons de cette dégradation : les effets de l'introduction du principe de contracyclicité entraînant la modulation de la durée d'indemnisation en fonction de la situation du marché du travail.
770 millions d'euros d'indemnisation en 2023
L'Unedic note par ailleurs que le montant moyen de l'allocation des anciens apprentis a progressé de 34 % entre 2018 et 2023, une progression liée au fait qu'ils sont plus diplômés. Avec 25 euros brut d'allocation journalière en moyenne (soit 750 euros mensuel brut), les ex-apprentis restent cependant moins indemnisés que les autres allocataires de l'assurance chômage (39 euros brut, soit 1200 euros mensuel brut). Au total, les dépenses d'indemnisation des anciens apprentis ont été multipliées par 2,5 depuis 2019, pour atteindre 770 millions d'euros en 2023. Cela représente, selon l'Unedic, 2 % des dépenses d'indemnisation en 2023, contre 1 % en 2019.