Francis Lévy, délégué général de la Fédération française des Groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq).
Les GEIQ expérimentent la « VAE inversée »
La fédération des Groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (GEIQ) expérimente un dispositif de contrat de professionnalisation s'appuyant sur la formation en situation de travail (Afest) et la validation des acquis de l'expérience (VAE). Objectif : ouvrir les recrutements à des personnes plus éloignées de la formation. Deux groupements ont déjà signé des contrats.
Par Mariette Kammerer - Le 07 octobre 2024.
Le dispositif « TraGeiqtoire » s'inscrit dans l'expérimentation de la « VAE inversée » engagée en 2023 par Carole Grandjean alors ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels. « Concrètement il s'agit d'un contrat de professionnalisation qui s'appuie sur de la formation en situation de travail (Afest) et sur un accompagnement VAE afin de valider les compétences acquises en situation de travail », explique Francis Lévy, délégué général de la fédération française des Geiq.
Un objectif de 400 contrats dans neuf secteurs en tension
La fédération a été choisie pour porter l'expérimentation sur 400 contrats de professionnalisation. Elle a défini 83 certifications éligibles (titres professionnels, diplômes, certificats de qualification professionnelle) dans neuf secteurs en tension : agriculture, agroalimentaire, aide à domicile, BTP, espaces verts, industrie, logistique, médicosocial, petite enfance. « Le but est de répondre à des besoins de formation très spécifiques pour lesquels l'offre n'existe pas toujours. L'autre objectif est de pouvoir élargir les profils de candidats et embarquer des personnes qui ne veulent pas ou ne peuvent pas suivre une formation classique, parce qu'elles ont des lacunes sur les compétences de base, par exemple », indique le délégué général.
Afest et VAE, les deux clés de voûte du dispositif
Le GEIQ est l'architecte du parcours. Il part du besoin de l'entreprise, identifie un candidat, évalue ses compétences et celles qui restent à acquérir pour valider la certification visée, puis identifie les situations de travail apprenantes avec le tuteur en entreprise, et organise les phases réflexives propres à l'Afest. « C'est un salarié permanent du Geiq qui s'occupe de l'ingénierie de parcours et du suivi, précise Francis Levy, il doit s'assurer que le candidat a les capacités de valider la certification, et que l'entreprise dispose d'un tuteur disponible et impliqué pour le former. Le but est qu'il y ait un maximum de formation en situation de travail ». Un organisme partenaire intervient pour l'accompagnement VAE : valider et mettre en forme le dossier de preuves en s'appuyant sur les compétences acquises avant et pendant le contrat de professionnalisation, et préparer le candidat à passer devant le jury. La fédération des GEIQ a noué des partenariats avec trois réseaux nationaux - les DAVA (Dispositifs académiques de validation des acquis), l'Afpa et les CIBC - qui ont été acculturés au dispositif.
Deux GEIQ débutent l'expérimentation
Le GEIQ « métallurgie et industrie Hauts-de-France » est l'un des deux premiers à l'expérimenter. Il emploie 150 contrats en alternance et a signé, depuis le mois de juin, 25 contrats « TraGeiqtoire » pour des métiers de lamineur, chaudronnier, contrôleur qualité, entre autres. « Nos adhérents de la métallurgie ont besoin de métiers très spécifiques, ils ont l'habitude de former en interne, mais avec ce dispositif la formation au poste débouchera sur une qualification », souligne Jimmy Belot, directeur. Le Geiq regarde d'abord avec l'entreprise si l'Afest est pertinente pour le poste visé, et s'il y a les ressources en interne pour former le salarié. « Ensuite, lors du recrutement, on échange avec le candidat pour voir si ce format lui conviendrait mieux qu'un parcours classique. Cette solution permet de nous adapter à un public très réfractaire à la formation, qui dans un contexte de baisse du chômage est devenu notre cœur de cible », ajoute-t-il.
Un parcours de 11 à 14 mois
Le Geiq définit avec chaque entreprise les compétences à atteindre, les situations et tâches à réaliser, la durée estimée, les méthodes pédagogiques, et le ou les tuteurs. « Nous avons commencé les phases réflexives, une par compétence visée, pendant laquelle le salarié explicite sa démarche, les difficultés rencontrées, etc. ». Après un parcours de 11 à 14 mois, les premiers salariés devraient avoir validé leur certification en juin prochain.