Paul Gavard, au « Quai de la mer » de la Rochelle, le 20 juin 2024, vante les mérites d’une filière « passionnante ».

Les métiers du littoral, entre passion et tensions de recrutement

Moult formations ouvrent de nombreuses perspectives sur le monde maritime. L'industrie de la mer recrute pourtant avec peine.

Par - Le 05 juillet 2024.

La mer et le littoral regorgent d'une multitude de débouchés souvent insoupçonnés. Du 20 au 23 juin dernier, la Nouvelle-Aquitaine mettait en valeur ce vivier d'opportunités sur son quatrième « Quai de la mer », en marge des Fêtes Maritimes de La Rochelle qui drainent chaque année quelque 150 000 visiteurs. 50m² sous chapiteau pour donner envie de mettre le cap sur plusieurs dizaines de formations professionnelles, du CAP au BTS, voire au-delà.

Rien qu'au lycée maritime et aquacole de la ville blanche, outre les 250 élèves de l'établissement, « la formation continue accueille 450 adultes dans des sessions archi complètes » s'enthousiasme Karine Gallay, à la barre de cette activité. Brevet de capitaine, certificat d'opérateur radio, formations médicales maritimes… : « On n'étanche jamais sa soif de curiosité et d'apprentissage dans cet univers passionnant » témoigne Paul Gavard, 21 ans, fraichement titulaire du BTS Pêche et gestion de l'environnement marin, très attiré par la capitainerie mais bien décidé à explorer un maximum de voies, « pour pouvoir vraiment choisir ».

400 métiers, 10 000 embauches par an

C'est qu'au-delà de la pêche, de la navigation de plaisance, du commerce ou encore de la Marine Nationale, la mer est une industrie. D'avenir. « Les secteurs civils et militaires, le nautisme et les énergies marine renouvelables, ce sont plus de 400 métiers et plus de 1000 entreprises qui recrutent à tours de bras » avance Marc Deliancourt, ambassadeur métiers pour le Campus des Industries Navales (CINav) de Brest. Soutenue par cinq régions (Bretagne, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Sud et Pays-de-la-Loire), cette association se veut la vitrine d'un secteur qui promet 120 000 emplois directs, dont « 10 000 embauches par an. D'ici à fin 2026, il y en aura encore 25 000, avec plus de 2000 créations d'emplois ».

Vaste panel des possibles

Mécaniciens, peintres, hydrographes, développeurs de logiciels, stratifieurs, menuisiers… « Le panel des possibles est vaste. » Pour Jean-Marie Betton, professeur de composite au lycée polyvalent Marcel Dassault de Rochefort (CAP composites et pastiques chaudronnés, Bac Pro Plastiques composites et BTS Europlastics et composites), « il est impossible pour un jeune qui sort de chez nous avec la motivation de ne pas trouver de travail. » La maitrise du composite, composant essentiel du catamaran, est un savoir-faire très recherché dans l'industrie navale. « Le problème, c'est justement la motivation. Comme toutes les industries, celle de la mer souffre d'un déficit d'image.  Malgré des conditions salariales plus avantageuses qu'auparavant, sans compter de vraies possibilités d'évolution. » Et même une place pour la créativité. « Aménagements, coussins, voiles, bailles… dans le processus de fabrication d'un bateau, nos CAP selliers apportent des compétences essentielles » souligne Muriel Frentz, enseignante de génie industriel textile et cuir au lycée professionnel Gilles Jamain, également basé à Rochefort. Lancé il y a sept ans, composé d'alternants, de jeunes en formation initiale et d'adultes en reconversion, ce cursus en un an (26 heures d'atelier par semaine) « répond à une forte demande des industriels. » Mais la demande et l'offre ne se rencontrent que rarement : les apprenants se sentent finalement plus attirés par l'ornementation… auto-moto.