Photo de Nicolas Dupain, président de France Immersive Learning, au salon Viva Technologies (Paris, 16 juin 2022)

Nicolas Dupain, président de France Immersive Learning, à Viva Technologies, Paris, 16 juin 2022

L'Immersive Learning Lab ferme ses portes

C'est dans un post Linkedin en forme de bilan que Nicolas Dupain a annoncé la liquidation judiciaire de l'immersive Learning Lab, le laboratoire de l'apprentissage immersif qu'il avait créé et ouvert en plein Paris avec des partenaires institutionnels et privés. La structure associative France Immersive Learning continue son activité.

Par - Le 09 février 2024.

Avec l'Immersive Learning Lab (I2L), Nicolas Dupain aura réussi à animer plus de cinq ans durant un laboratoire de l'apprentissage immersif en plein Paris. Cinq années durant lesquelles des milliers de professionnels auront pu découvrir matériels et contenus 100 % dédiés aux multiples formes de la réalité virtuelle. C'est cette aventure qui a pris fin avec la liquidation judiciaire prononcée le 16 janvier 2024 par le Tribunal de Commerce de Paris. Pour celui qui se présente comme consultant et conférencier, expert visionnaire en technologies immersives, métavers et spatial computing[ 1 ]Informatique spatiale., le couperet est « violent. »

Des raisons précises qui ont conduit à cette cessation d'activité, Nicolas Dupain ne donne pas les détails. Tout juste comprend-on une difficulté, finalement insurmontable, à assurer la rentabilité économique de l'entreprise. Le coup est d'autant plus rude qu'il est porté au moment même où la sortie du casque Vision par Apple vient à nouveau présenter les technologies immersives comme la « next step » : une prochaine étape qui, croit-il encore et toujours, « écrit l'avenir de nos interactions digitales dans des écrans portés devant les yeux[ 2 ]En Anglais, les « head-mounted displays ».. »

Expérimenter pour comprendre

Cet avenir, Nicolas Dupain y croit depuis longtemps : « les racines du Lab remontent à 2016, à l'époque où j'étais responsable des projets stratégiques pour le GIP Roissy-Le Bourget », se souvient-il. Alors investi dans la création de la Cité des métiers Charles de Gaulle et du Campus des métiers et qualifications de la logistique aéroportuaire, il n'a de cesse d'acculturer les acteurs territoriaux aux promesses de la réalité virtuelle. Initiative privée, l'Immersive Learning Lab naîtra dans la foulée, de la conviction que « les technologies immersives sont fondamentalement expérientielles » : « tant que tu n'as pas mis un casque sur la tête, tu imagines des choses mais tu ne peux pas l'ancrer dans une expérience physique, émotionnelle et cognitive. » C'est cette expérience que des milliers d'acteurs de l'écosystème de la formation tout au long de la vie seront venus vivre durant plus de cinq ans.

Payer pour apprendre ?

L'I2L reposait sur trois activités, explique Nicolas Dupain : l'acculturation, l'assistance à maitrise d'ouvrage et, le plus important selon lui, la formation des professionnels de la transmission. C'est notamment ce dernier volet, payant, qui n'a pas réussi à se déployer. Pourquoi ? Selon le fondateur du lab, sont en cause, d'une part, l'inclination de l'écosystème à se « débrouiller » plutôt qu'à payer pour apprendre et, d'autre part, le modèle économique des offreurs de solutions qui veulent à la fois équiper et former, là où l'expert estime qu'il s'agit de deux métiers différents.

Au-delà de la formation

On dit qu'une innovation est aboutie lorsqu'elle rencontre son modèle économique. Convertir les visiteurs en clients, c'est ce qui aura manqué à l'I2L. Car pour le reste, les réactions de la sphère edtech glanées sur les réseaux sociaux sont unanimes à remercier l'esprit pionnier de Nicolas Dupain et à lui prédire un prompt rebondissement. Désormais affublé d'un badge « Open to work[ 3 ]Selon la terminologie Linkedin, "Ouvert aux nouvelles opportunités". », lui se voit désormais porter la cause des technologies immersives dans un champ bien plus large que celui de la seule formation : dans le champ de l'expérience collaborateur et de l'expérience client, dans tous les domaines du divertissement, de la culture, du patrimoine et des médias, il se fait fort d'apporter son expérience aux très nombreuses organisations qui doivent « penser une stratégie pour intégrer ces technologies dans leurs activités. »
Consultant ou salarié, le marché décidera.

DE FIL À I2L
France Immersive Learning (FIL)  d'un côté, l'Immersive Learning Lab (I2L) de l'autre, ces deux facettes de ce qui se voulait le « premier pôle de compétences dédié aux usages des technologies immersives dans le domaine de la transmission » n'ont pas toujours été bien comprises. Alors Nicolas Dupain explique : « FIL, c'est la jambe associative en charge de la fédération et de l'animation de l'écosystème ; I2L, c'est la jambe opérationnelle, lieu d'expertise et de savoir-faire dédié au passage de la promesse technologique à la réalité des usages. » I2L a définitivement fermé avec la liquidation judiciaire prononcée le 16 janvier mais FIL poursuit son activité sous la direction de Vanessa Pénélope, avec le soutien du conseiller en stratégie numérique et innovation pédagogique Ensam Arts & Métiers, Thierry Koscielniak, tout juste élu vice-président de l'association. En pleine campagne de recrutement d'adhérents et recherche de subventions de fonctionnement ou de projets, FIL entame l'année avec le lancement d'un groupe de travail Handicap, accessibilité et technologies immersives, soutenu par l'Agefiph. D'autres suivront.
France Immersive Learning : fil-asso.fr/

Notes   [ + ]

1. Informatique spatiale.
2. En Anglais, les « head-mounted displays ».
3. Selon la terminologie Linkedin, "Ouvert aux nouvelles opportunités".