À gauche, Stéphane Heit, vice-président de la CPME en charge de la formation professionnelle. À droite, Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT en charge de la formation professionnelle.
Emploi et reconversion des seniors : diagnostic avant négociation
Les organisations patronales et syndicales se retrouvent à partir de ce mardi 16 janvier pour une phase de diagnostic visant à préparer la négociation « Pacte de la vie au travail ». Le quotidien de la formation a interrogé Yvan Ricordeau de la CFDT et Stéphane Heit de la CPME, pour connaître les revendications qui seront portées par leurs organisations en matière de formation professionnelle.
Par Raphaëlle Pienne - Le 16 janvier 2024.
Après une première rencontre le 22 décembre ayant permis de fixer le calendrier et le déroulé de la future négociation professionnelle, les partenaires sociaux vont se retrouver pour trois séances d'une phase de « diagnostic » entre le 16 janvier et le 31 janvier. Objectif : rencontrer les grandes administrations statistiques et différents experts afin de dresser un état des lieux et un socle commun de discussion pour la négociation, qui portera sur l'emploi des seniors, la reconversion, l'usure professionnelle, et le compte épargne temps universel (Cetu).
Soutenir l'efficacité des dispositifs
Pour aborder ces différents sujets, les organisations syndicales avanceront chacune avec une grande trame directrice. La CFDT défend pour sa part une réflexion centrée sur les conditions de travail. « L'emploi des seniors, la reconversion et l'usure professionnelle sont trois blocs de négociation, mais qui pour nous sont liés. Ils touchent le rapport au travail, l'organisation du travail, les pratiques managériales et la soutenabilité des postes de travail. La question est comment faire pour qu'il y ait des pratiques en entreprises qui soient plus abouties ? Ce ne sont pas les dispositifs qui vont changer les conditions en entreprises. A la CFDT, nous revendiquons de rendre la question de l'emploi des seniors obligatoire en matière de discussion et de négociation en entreprise », présente Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT en charge de la formation professionnelle. La CPME sera elle, sans surprise, vigilante à ne pas voir augmenter les cotisations des entreprises. Mais pas seulement. « La priorité des priorités c'est la simplification. On pourra mettre en place les dispositifs les plus efficaces [ils seront inutiles] s'ils n'ont pas de visibilité auprès des entreprises et des salariés. Il faut se mettre d'accord sur quelques dispositifs qui fonctionnent et les mettre en exergue », explique Stéphane Heit, vice-président de la CPME en charge de l'éducation et de la formation.
La transition professionnelle en question
En matière de reconversion, les dispositifs des transitions collectives (TransCo) qui peine à trouver son public ou du projet de transition professionnelle pourraient-ils faire l'objet de cette simplification ? « TransCo, les ATpro [associations « Transitions Pro »], le FNE formation, apparaissent aujourd'hui comme nébuleux pour les entreprises et les salariés. Je ne dis pas qu'il faut les supprimer, mais qu'il faut reprendre une étude précise sur ces dispositifs », répond Stéphane Heit. « Nous avons déjà un outil au service des transitions professionnelles, le CPF, qui est équilibré [en termes de publics bénéficiaires]. Pour nous ce qu'il faut c'est favoriser davantage la co-construction avec l'abondement de l'entreprise. Mais à ce moment-là, et je sais que c'est un sujet sensible, la clause de dédit-formation devra nécessairement être envisagée afin de sécuriser l'entreprise », ajoute-t-il. A la CFDT, Yvan Ricordeau défend lui les dispositifs spécifiques mis en place par les partenaires sociaux pour la reconversion des salariés. « Transitions pro n'est aujourd'hui pas connu aussi bien que le CPF ou l'apprentissage, il faut réussir à monter ce 3ème pilier au niveau des deux autres », reconnait-il néanmoins.
Lier davantage compétences et santé au travail
Pour le représentant de la CFDT, c'est la question du dialogue en entreprise qui reste néanmoins centrale. « Il faut faire en sorte d'avoir des rendez-vous, tout au long de la carrière professionnelle, sur l'approche santé au travail et l'approche compétences et parcours professionnel. Elles sont aujourd'hui séparées et nous devons rediscuter cette organisation », explique Yvan Ricordeau. On notera que ce constat est partagé par la CPME. « Il faut qu'on fasse un audit à 360°C du salarié à 55 ans, en parallèle avec l'usure professionnelle », indique Stéphane Heit, qui imagine un échange sur le parcours professionnel associant la visite médicale, voire une visite psychologique.