Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO, en charge de la formation professionnelle et de l’emploi..
Négociation « Pacte de la vie au travail » : des consensus pour un futur accord ?
Le Quotidien de la formation a interrogé Aline Mougenot de la CFTC et Michel Beaugas de Force ouvrière sur les positions portées par leurs syndicats en matière de formation professionnelle dans le cadre de la négociation interprofessionnelle « pour un nouveau pacte de la vie au travail ». Celles-ci rejoignent certaines propositions déjà avancées par les autres organisations syndicales et patronales.
Par Raphaëlle Pienne - Le 14 février 2024.
Il est sans nul doute encore trop tôt pour présager de la future conclusion de la négociation « pour un nouveau pacte de la vie au travail », prévue pour s'achever à la fin du mois de mars. Les positions déjà présentées par les différentes organisations syndicales et patronales au Quotidien de la formation (l'U2P et le Medef n'ont pas souhaité s'exprimer à ce stade), permettent cependant d'imaginer quelques pistes qui pourraient faire consensus en matière de formation et d'accompagnement des parcours professionnels.
Mener un travail collectif sur les transitions professionnelles
Les partenaires sociaux pourraient notamment s'entendre sur les transitions professionnelles. Ce sujet est un des enjeux de la négociation, pour lequel la CGT et la CFE-CGC appellent à un travail « d'évaluation des besoins au niveau des branches » ou à une « ingénierie collective ». Cette volonté est partagée par la CFTC, qui y voit une démarche indispensable à la sécurisation des parcours des salariés. Et le syndicat porte sur ce point des propositions très concrètes. « Nous voulons inviter les branches à travailler sur une cartographie pour identifier les métiers obsolètes ou à sortie précoce [des métiers affectés par les mutations ou par l'usure professionnelle, ndlr] », explique Aline Mougenot, chef de file CFTC pour la négociation, en charge de la formation professionnelle. Cette cartographie serait ensuite complétée par un travail d'identification de blocs de compétences internes aux branches et interbranches permettant de favoriser les transitions professionnelles. « Le salarié pourrait travailler des modules de compétences en se formant en parallèle de son métier. […] C'est vraiment une vision des transitions sur un parcours à long terme, avec un travail indispensable au niveau des branches », complète Aline Mougenot. En soutien de cette démarche, la CFTC propose d'instaurer un rendez-vous tous les dix ans avec un conseiller en évolution professionnelle et d'élever à 1 000 euros par an l'alimentation du CPF pour les salariés travaillant dans les métiers qui auraient été identifiés comme obsolètes ou à sortie précoce.
Réinventer l'entretien de seconde partie de carrière
Pour Force ouvrière, Michel Beaugas, secrétaire confédéral au secteur de l'emploi et des retraites, met en avant la proposition de revenir sur l'entretien de deuxième partie de carrière supprimé en 2014. « Nous proposons un entretien de mi-carrière couplé à la visite médicale de mi-carrière. Pour nous il se fixerait plutôt vers 40 ans. Il permettrait de faire un bilan complet de l'état de santé du salarié et d'envisager éventuellement sa reconversion professionnelle en cas de métier pénible ou, pour les autres métiers, de faire un bilan de carrière et d'envisager une seconde partie de carrière », explique-t-il. Cette proposition pourrait trouver un écho auprès de la CFDT et de la CPME, qui s'accordent sur l'idée de lier davantage compétences et santé au travail. La CFTC est quant à elle « favorable à un entretien à mi-parcours », précise Aline Mougenot. Cependant, Force ouvrière envisage que cette démarche soit assortie de nouveaux droits pour le salarié. « [En cas de reconversion exigée par un métier pénible], on ouvrirait un vrai droit à la reconversion en [la] prenant en charge », précise Michel Beaugas. Le syndicat propose en effet que la mobilisation du projet de reconversion professionnelle (PRP) n'entraine pas l'extinction des autres droits du compte professionnel de prévention (C2P).