Quand formation rime avec promotion (Céreq)
Les salariés qui évoluent le plus en entreprise sont aussi ceux qui ont le plus accès à la formation, ont remarqué deux chercheurs du Céreq dans une nouvelle étude. Ils préconisent un meilleur accès au CEP pour les salariés oubliés de la formation.
Par Sarah Nafti - Le 06 mars 2024.
Comment se construisent et se différencient les parcours dans l'entreprise ? C'est la question que se sont posée Ekaterina Melnik-Olive et Camille Stephanus, deux chercheurs du Céreq dans une étude parue en mars 2024. L'évolution dans l'entreprise ne garantit plus systématiquement une mobilité ascendante, remarquent les auteurs qui ont choisi d'étudier cette diversité de parcours sous l'angle de l'accès à la formation. Ils constatent ainsi que les salariés promus sont aussi ceux qui sont les plus formés par leur entreprise. Mais ces parcours ascendants ne concernent qu'une partie des salariés. D'autres sont bloqués sur des emplois peu qualifiés ou sont fragilisés par une restructuration, et ont moins accès à la formation malgré leurs besoins et leurs souhaits.
Cinq types de parcours
A partir de leurs données, les chercheurs ont identifié cinq types de parcours : Les deux premiers parcours (52 % des effectifs) se caractérisent par des promotions. Le premier type regroupe 28% des effectifs, des jeunes à niveau de diplôme élevé, souvent cadres dans de grandes entreprises. Le deuxième, 24% des effectifs, concerne ceux dont la promotion valorise la fidélité. Ils sont plus souvent de qualification intermédiaire et travaillent dans des PME.
Le troisième type de parcours (28% des effectifs) correspond à des carrières stables, sans promotion ni déclassement. Ces salariés sont plus âgés et se satisfont de leur emploi et ont moins d'attentes en matière de formation. Ils travaillent davantage dans de petites entreprises.
Evolutions professionnelles moins favorables
Enfin les deux derniers types de parcours ont des évolutions professionnelles moins favorables : Le quatrième type -12% des effectifs- a une carrière bloquée et une faible satisfaction dans l'emploi. Ce sont notamment les ouvriers non qualifiés ou les employés du commerce mais aussi les salariés handicapés ou avec un problème de santé. Leurs attentes de formation sont peu prises en compte.
Le dernier type de parcours (8%) rassemble des salariés plus qualifiés fragilisés par des changements organisationnels ou technologiques dans leurs entreprises. Près de huit salariés sur dix ont déclaré des baisses d'autonomie, d'intérêt ou une dégradation des conditions de travail, mais les pertes de responsabilité et de salaire y sont aussi beaucoup plus fréquentes. Ce sont souvent des seniors, mais aussi très majoritairement des femmes dans des professions intermédiaires ou employées administratives. La formation ne répond pas à leurs attentes alors que plus de la moitié disent vouloir se former.
Utiliser le CEP
Les chercheurs relèvent que ce sont les salariés les plus fragiles, dans des parcours de déclassement, dont les aspirations de formation sont les moins prises en compte par les entreprises. Ils préconisent de favoriser l'information et l'accompagnement de ces salariés grâce au CEP (conseil en évolution professionnelle) que la plupart ne connaissent pas. Le CEP permettrait de mieux prendre en compte leurs problématiques spécifiques et ainsi définir l'horizon de leur évolution professionnelle.
Consulter l'ouvrage du Céreq.