Débat sur le numérique dans l’enseignement, lors de la Fête de l’Humanité 2024, qui s’est déroulée du 13 au 15 septembre.

Quelle éducation au numérique dans l'enseignement ?

« L'éducation au numérique dans l'enseignement ». Tel était l'intitulé d'un débat qui s'est déroulé lors de la Fête de l'Humanité, en fin de semaine dernière. La plateforme Pix a fait l'objet d'un certain nombre de critiques, en raison notamment du manque d'accompagnement des élèves, souligné par les intervenants.

Par - Le 19 septembre 2024.

Plateforme d'acquisition et d'évaluation des compétences numériques, Pix a été au centre des discussions. « Techniquement, l'outil est de qualité mais la formation des enseignants à la plateforme et l'accompagnement des élèves ne sont pas à la hauteur », a souligné Elisabeth Jamin Unsa éducation, représentante du syndicat des enseignants-Union nationale des syndicats autonomes (SE-Unsa) au sein du Conseil supérieur de l'éducation.

Un accompagnement qui laisse d'autant plus à désirer, selon les intervenants, qu'avec la suppression des cours de technologie en 6ème, les élèves issus des milieux socialement défavorisés se retrouvent quelque peu livrés à eux-mêmes. « On met des collégiens devant un ordinateur, en présupposant qu'ils savent tous s'en servir. Alors qu'il faudrait que les enseignants leur expliquent au moins comment fonctionne une machine de ce type, et quelles sont les modalités de respect de la vie privée », souligne Sandra Gaudillère, enseignante du secondaire et militante à la CGT Educ'Action.

Pénurie de matériel informatique

La pénurie de matériel informatique dans certains établissements scolaires accentue les inégalités territoriales, déplorent les syndicalistes. Autre inconvénient majeur du tout Pix: l'effet négatif de la standardisation pédagogique afférente. « L'utilisation standard de la plateforme Pix nie la sigularité des élèves. Or comme pour l'anglais ou les maths, l'apprentissage du numérique doit être individualisée, même s'il ne s'agit pas d'une matière en tant que telle », estime Elisabeth Jamin.

Moins de fractures numériques, plus d'égalité tout court ? Encore faudrait-il qu'une volonté politique s'exprimât dans ce sens. « Il n'y a pas de volonté politique visant à réduire les inégalités numériques. Hélas, la société s'accommode très bien de ces fractures et du fait que l'institution scolaire serve à trier les enfants et à dégager une élite de bons élèves appelés à constituer une élite sociale », constate Jean-François Chanet, ex-recteur de l'académie de Bourgogne-Franche-Comté, de 2015 à 2022.

Des moyens en matière de formation

« Le numérique n'a effectivement pas à être une discipline ou une matière supplémentaire, convient-il lui aussi. Il est lié à toutes les matières, traverse tout l'enseignement mais demande des compétences, des moyens en matière formation, et requiert une répartition efficace entre les compétences de l'Etat et les collectivités ».

Si Jean-François Chanet reconnaît à l'ancien ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer le mérite d'avoir laissé les écoles ouvertes « le plus longtemps possible » pendant la période du covid, cette dernière a été un « révélateur d'inégalités ».

S'attaquer aux inégalités sociales par le versant numérique ? Un défi de taille pour le nouveau ministre de l'éducation nationale, qui devrait être nommé dans les tous prochains jours.