Pierre Burban, secrétaire général de l’Union des entreprises de proximité (U2P). © Philippe Chagnon
Reconversions professionnelles : l'U2P veut « passer à la vitesse supérieure »
Selon le secrétaire général de l'Union des entreprises de proximité (U2P), Pierre Burban, et malgré l'absence des deux autres organisations patronales, les textes issus de la négociation de ce jour, mardi 23 avril, pourraient inspirer le gouvernement sur les transitions professionnelles et le compte épargne temps universel. Entretien.
Par Sophie Massieu - Le 23 avril 2024.
Le Quotidien de la formation : Pourquoi inviter les partenaires sociaux à reprendre la négociation sur le compte emploi universel et les transitions professionnelles ?
Pierre Burban : En juin 2023, nous nous sommes tous accordés sur un agenda social. Il prévoyait que nous devions négocier sur l'emploi des seniors, les parcours et l'usure professionnels, et le compte épargne temps universel. Nous avions aussi acté notre souhait que les décisions prises intègrent le Code du travail. Le gouvernement devait donc nous saisir de ces sujets dans le cadre d'un document d'orientation et pas juste d'une lettre de cadrage, à la différence par exemple de la réforme de l'assurance chômage. Donc un consensus avait bien été établi, le Medef ne s'y était par exemple pas opposé. A l'époque, il montrait plus de réticences sur l'usure professionnelle que sur le Cetu qu'il a refusé depuis. Nous avons été très surpris par sa réaction. De notre côté, nous n'étions pas demandeurs de ce Compte épargne temps universel mais pensons que cela peut contribuer à améliorer les conditions de travail.
QdF : Medef et CPME s'opposent fermement à votre initiative. Aussi, lors de la première séance de négociation à votre invitation, le 16 avril, après l'échec de l'accord interprofessionnel autour d'un « nouveau pacte du travail », seules les organisations de salariées ont-elles répondu présent. Vous poursuivez la négociation aujourd'hui, 23 avril. Que reste-t-il à arbitrer ?
P. B. : Deux projets de texte seront sur la table, l'un sur le Cetu, l'autre sur les transitions professionnelles. Nous avons bien travaillé le premier sujet le 16 avril. Je pense que plusieurs syndicats de salariés pourront le signer. En matière de reconversions, sujet majeur à nos yeux, nous devons passer à la vitesse supérieure pour que les entreprises conservent leurs compétences face aux transitions nombreuses en cours, numérique, climatique… Nous aimerions aussi mutualiser les risques des licenciements pour inaptitude pour les seniors de plus de 55 ans.
QdF : Quel espoir avez-vous de voir ces textes appliqués ?
P. B. : Nous sommes dans le cadre d'une négociation à l'initiative du gouvernement, pas seulement décidée par les partenaires sociaux. L'exécutif veut modifier le Code du travail en matière d'emploi des seniors, de parcours et d'usure professionnelle et créer le Cetu. Puisque le gouvernement a décidé de légiférer sur ces 3 sujets, il est de notre devoir de soumettre des propositions. Nous espérons donc que le gouvernement s'inspirera de ce que nous aurons négocié pour l'inclure dans le Code du travail. On ne peut en avoir l'assurance absolue mais il nous semble que sur ces sujets-là au moins, il se montrait plutôt à l'écoute et pensait que nous aboutirions à un compromis. L'accord sur le partage de la valeur, sur lequel se sont mis d'accord les partenaires sociaux, a été fidèlement repris en droit du travail. Donc je nourris une forme d'optimisme sur les suites qui pourront être données aux textes en discussion ce 23 avril.