Renouveler une certification : « remettre l'ouvrage sur le métier »

Être parvenu à procéder à l'enregistrement d'une certification auprès de France Compétences ne présage aucunement que son renouvellement sera acquis. Et d'emblée, une précision juridique s'impose. « Pour France compétences, il n'existe pas de renouvellement au sens propre. A chaque fois on remet son ouvrage sur le métier […] et on enregistre à nouveau », explique Valérie Hellouin, consultante sénior en ingénierie et politiques de formation à Centre Inffo. Les organismes certificateurs devront se soumettre à une procédure identique et tout aussi exigeante, mais tenant compte de la « vie » de leur certification et des évolutions de son environnement.

Des éléments de preuves à (ré)-apporter

L'enregistrement « renouvelé » exige toujours d'apporter des preuves de « l'opportunité » et de la « valeur d'usage » de sa certification. « Pour le Répertoire national (RNCP), il est attendu un suivi de promotion d'au moins deux promotions. Mais toutes les promotions certifiées depuis le dernier enregistrement peuvent être fournies », précise Valérie Hellouin. S'y ajoute, pour les deux répertoires, un travail de collecte d'éléments auprès de sources officielles ou en procédant à ses propres enquêtes (par des campagnes par mail ou téléphone, des entretiens, l'organisation d'évènements professionnels…). « Il faut vraiment amener la preuve auprès de France compétences, par des lettres, des témoignages, des enquêtes… par tout type de preuves, mais cela doit être extrêmement factuel », décrit Camille Savre, responsable du service ingénieries métiers et certification professionnelle chez Iperia.

Mise à jour des référentiels de la certification

Le certificateur doit aussi être en mesure de prouver la mise à jour régulière, effectuée pendant la durée d'enregistrement, du référentiel d'activités (pour le RNCP), du référentiel de compétences et du référentiel d'évaluation de la certification. « Pour la réingénierie du référentiel, il y a le rôle essentiel du conseil de perfectionnement. […] Mais pour retravailler sur le référentiel d'activité, il faut faire appel à des professionnels. Il ne faut jamais couper le cordon entre le certificateur et le terrain, donc les professionnels y compris les alumni », témoigne Michel Fourmeaux, directeur de la certification chez Eduservices. La forme des référentiels devra adopter celle des derniers modèles préconisés par France compétences. « Attention, depuis l'hiver 2021 il y a la prise en compte du handicap en certification professionnelle. [Cela implique] d'intégrer la conception universelle et l'accessibilité dans les référentiels », ajoute Valérie Hellouin.

Se conformer aux exigences de contrôle

France compétences porte enfin une attention particulière à la mise en œuvre des opérations de contrôle interne et externe. Le dossier d'enregistrement renouvelé devra donc rendre compte des actions de contrôle mises en œuvre, de leurs résultats et des actions correctives apportées. « Cela par le certificateur lui-même, par ses co-certificateurs et ses partenaires habilités », précise Valérie Hellouin. Pour Iperia et Eduservices, qui ont un important réseau de partenaires habilités, le respect de cette obligation passe par des moyens techniques et humains importants et des audits réguliers. Mais le certificateur Bioforce, qui n'a pas de partenaires habilités, dédie également des moyens humains à cette question décrit Cécile Ziegle, coordinatrice pédagogie et certifications de l'organisme. « Nous utilisons aussi pour notre démarche d'amélioration continue les retours des jurys d'évaluation. Les audits Qualiopi sont également un des moyens de réinterroger […] l'adéquation du dispositif d'évaluation avec le référentiel enregistré au RNCP », témoigne cette dernière.

Pour aller plus loin, lire notre dossier documentaire.