The Shift Project plaide pour une stratégie nationale de formation à la transition écologique

Le rapport intermédiaire du Shift Project pour la formation des actifs à la transition écologique souligne le besoin d'une mobilisation accrue de l'écosystème de la formation continue pour répondre aux enjeux, notamment en termes de planification, de coordination et de collaboration.

Par - Le 20 novembre 2024.

Le rapport intermédiaire du Shift Project explore dans une première partie le rôle potentiel de la formation continue dans la transition écologique en France et s'interroge dans une deuxième partie sur la capacité du système à assumer ce rôle. Pour l'équipe du Shift Project, la transition écologique requiert une transformation profonde des métiers et des compétences pour l'ensemble des actifs.

Du vert au verdissant

Il ne s'agit pas seulement de former aux « métiers verts » mais d'intégrer une dimension de « verdissement » des métiers et des formations dans tous les secteurs d'activité. Le rapport définit les métiers dits « verdissants » comme « les professions dont la finalité n'est pas environnementale, mais qui intègrent des briques de compétences pour prendre en compte de façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans le geste métier. » Trois niveaux de compétences sont identifiés pour la transition écologique : l'acculturation aux enjeux écologiques, le développement de compétences métier spécifiques et le développement de compétences transversales pour la transition. Au-delà de la nécessaire satisfaction des besoins de compétences, le rapport relève qu'une offre pertinente de formation continue pourrait contribuer à la réduction de l'éco-anxiété par une meilleure compréhension des enjeux et un pouvoir d'agir retrouvé.

Lacunes de l'offre

Alors que de nombreux diagnostics ont été réalisés par les branches professionnelles et les régions, les auteurs relèvent que tous les périmètres ne sont pas couverts et que la demande de formation reste limitée. D'un côté, les entreprises n'anticipent pas suffisamment, de l'autre, les actifs ne traduisent par leur préoccupation écologique en projets concrets de formation. En dépit d'un réel effort d'adaptation de l'offre, les évolutions sont jugées lentes et des lacunes sont pointées en termes de visibilité et de lisibilité, notamment du fait d'un défaut d'étiquetage clair des formations « vertes. » Il manquerait également une « approche systémique » des enjeux de la transition écologique et certains besoins territoriaux et sectoriels spécifiques seraient insuffisamment couverts. L'engagement des acteurs de la formation continue en faveur d'une transformation réelle et concrète du système est questionné, jusqu'à estimer que l'intégration de la dimension écologique est souvent superficielle et motivée par des considérations de marché ou d'image. À noter que le rapport souligne aussi que le défaut d'attractivité de certains métiers de la transition écologique n'est pas toujours dû aux limites de l'offre de formation. C'est notamment le cas pour les métiers peu qualifiés, qui seraient plutôt délaissés en raison des conditions de travail et des rémunérations.

Rôle des pouvoirs publics

Face à un marché qui peine à répondre aux enjeux, le rapport appelle au renforcement du rôle des pouvoirs publics. Il s'agirait notamment de fixer un cadre réglementaire clair avec des obligations en matière de formation à la transition écologique susceptibles de stimuler la demande. Les incitations pourraient aussi être financières avec un fléchage des financements publics qui ciblent les formations « vertes » et les organismes qui s'engagent. La cohérence de l'ensemble serait assurée par la définition d'une « stratégie nationale de formation à la transition écologique. »

Le souci de ne pas développer des actions hors sol amène aussi le rapport intermédiaire à souligner le rôle des régions et des collectivités territoriales. Les enjeux sont globaux mais des spécificités locales existent et une « planification de la transition écologique des compétences » de proximité permettrait d'y répondre. Les régions sont aussi appelées à jouer un rôle d'animateur qui servirait l'objectif de création d'un véritable écosystème « orientation-formation-emploi » de la transition écologique. Comme dans le champ de l'orientation, les régions pourraient aussi porter des expérimentations sources d'innovations.

Dialogue social

Les entreprises et les branches professionnelles devraient mieux mobiliser les études prospectives pour davantage anticiper les besoins futurs et les intégrer dans leur plan de développement des compétences. Une coopération accrue entre entreprises et organismes de formation permettrait d'agir au plus près des besoins réels. Au-delà du diagnostic et des recommandations du rapport intermédiaire du Shift Project, reste à voir comment le cadre stable et la vision de long terme souhaités par les auteurs pourront s'inscrire dans le contexte d'affaiblissement de la commande publique par ailleurs dénoncé par de nombreux réseaux d'organismes de formation.