Transition écologique : les dispositifs d'accompagnement existent déjà
La table ronde organisée par la Dares sur la transition écologique a permis de constater qu'il existe de nombreux dispositifs d'accompagnement des transitions professionnelles. Mais ils ne sont pas toujours connus des entreprises et leur efficacité dépend de celle de la politique économique.
Par Emmanuel Franck - Le 09 décembre 2024.
« Comment adapter les politiques de l'emploi pour accompagner la transition écologique dans les territoires ? », s'interrogeaient les participants à un colloque organisé le 3 décembre à Paris par la Dares, dans le cadre d'une journée consacrée à l'impact de la transition écologique sur l'emploi. « La transition professionnelle sera difficile, prévient d'emblée Mireille Chiroleu-Assouline, économiste à la Paris school of economics (PSE). Car il faut préserver les emplois et les entreprises, mais pas forcément ceux qui existent actuellement ».
Sophie Margontier, cheffe de projet Transition écologique et compétences au ministère du Travail (DGEFP), rappelle qu'il existe déjà des dispositifs pour accompagner les transitions professionnelles.
Des dispositifs nombreux...
Ainsi, les entreprises de remontées mécaniques peuvent basculer leurs salariés en activité partielle si l'enneigement n'est pas de qualité. Le cas échéant, elles s'engagent sur la formation de leurs salariés. Sophie Margontier signale qu'une négociation est en cours dans le secteur de la pêche sur le même sujet. Elle rappelle d'autres dispositifs : les Edec (engagements de développement de l'emploi et des compétences), qui peuvent inclure la transition écologique ; la PCRH (prestation de conseil en ressources humaines), pour la transition RH des PME ; le FNE formation, qui peut financer des formations sur la transition écologique, comme le fait par exemple la branche du bâtiment.
De son côté, Catherine Beauvois, directrice du projet « Compétences 4.0 »au sein de France Travail, explique que « la difficulté est de descendre des modèles macro vers le niveau micro des personnes et des formations ». Lier ces deux niveaux est l'ambition du nouveau référentiel opérationnel des métiers et des emplois (Rome 4.0), que prépare encore France travail. Elle rappelle également l'existence des COP régionales, inspirées des COP réunissant les États ou encore les plus anciens CPRDFOP (contrats de plan régional de développement des formations et de l'orientation professionnelles).
… mais pas toujours connus
Sylvain Colas, responsable des recrutements chez le fabricant de batteries ACC, évoque pour sa part le dispositif Transco (transitions collectives), mais pour dire qu'il vient de le découvrir et que cela « pourrait être intéressant ». De fait, pour fabriquer ses batteries, ACC embauche, après les avoir formés, des salariés de la Française de Mécanique, située à proximité, qui fabriquaient auparavant des moteurs à combustion. Or c'est précisément l'objet de Transco, créé début 2021 pour aider des salariés dont le poste est menacé à se reconvertir dans un métier porteur dans le même bassin d'emploi. L'État prenant en charge la rémunération des salariés et les formations. Ce dispositif n'a cependant jamais trouvé son public, sans qu'on sache vraiment pourquoi.
Ce qui permet à Cédric Audenis, commissaire général par intérim de France Stratégie, de conclure que « nous avons beaucoup de dispositifs, comme Transco, mais nous savons maintenant qu'ils ne favorisent pas forcément les transitions, qui se font spontanément ». Spontanément mais à condition qu'il y ait des emplois. Aussi, « il faut d'abord réussir la politique économique, avant celle de l'emploi », précise-t-il.