Un rapport de l'Igas met en cause les formations paramédicales
L'universitarisation des formations paramédicales soulève la question de la formation des formateurs qui ont « des parcours universitaires hétérogènes » et sont « partiellement armés pour répondre aux enjeux universitaires », selon un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas).
Par Sarah Nafti - Le 04 juin 2024.
Alors que les ministres de l'enseignement supérieur et de la santé ont exprimé leur volonté d'achever l'universitarisation des formations paramédicales, l'Igas https://www.igas.gouv.fr/Ressources-humaines-et-statuts-des-encadrants-et-enseignants-chercheurs-dans.html a établi un état des lieux et formulé des préconisations sur les statuts des personnels encadrants des structures de formation et des enseignants-chercheurs. Les formations concernées sont celles pour les infirmiers diplômés d'État, les professions de la rééducation et de la réadaptation et les professions médico-techniques. Ces formations peuvent conduire à un diplôme national de l'enseignement supérieur ou à un diplôme d'État. Elles sont assurées par des instituts, gérés par un établissement public de santé, ou par un gestionnaire privé.
5000 formateurs
Au total, le rapport de l'Igas relève que 5000 formateurs encadrent près de 140 000 étudiants paramédicaux. Près de 80% sont dans les IFSI (instituts de formation en soins infirmiers), qui regroupent 95000 étudiants dans 300 établissements. Pour L'Igas, les formateurs sont « une population en voie d'évolution avec des parcours universitaires hétérogènes et partiellement armée pour répondre aux enjeux universitaires ». Ainsi, les instituts publics de formation sont encore majoritairement dirigés par des directeurs de soins (184 début 2022), qui, formés à l'École des hautes études en santé publique (EHESP), ne disposent pas d'une reconnaissance universitaire.
L'objectif d'un master 2 partiellement atteint
« Il n'existe pas d'étude consolidée au niveau national permettant de quantifier et de qualifier la population des formateurs en instituts paramédicaux », remarquent les auteurs du rapport. D'après les données du comité d'entente des formations infirmières et cadres (CEFIEC) cité par le rapport, 85 % des formateurs en IFSI ont le diplôme de cadre de santé. 55 % sont de titulaires d'un master 2 et 1,2% ont un doctorat. Quinze ans après le début de l'universitarisation, l'objectif d'un niveau master 2 pour les formateurs n'est donc que partiellement atteint mais la mission relève une tendance à l'amélioration : le couplage de la formation en un an au diplôme cadre de santé avec un master 2 se généralise et il y a davantage de recrutements de titulaires de master 2 ou doctorat non-cadres.
Accompagnement des équipes pédagogiques
La mission propose donc de « finaliser l'adossement au master 2 en management ou pédagogie des formations de cadre de santé des instituts et actualiser le référentiel de formation de 1995 en conséquence ». Parmi ses 24 recommandations, figure « l'accompagnement des équipes pédagogiques pour généraliser la diplomation en master 2 des encadrants ». L'adaptation de la formation des directeurs de soins est également suggérée : l'Igas propose de « discuter dans chaque région entre ARS et conseil régional un plan de formation et d'évolution des directeurs et formateurs en instituts en cohérence avec l'intégration pédagogique des instituts autour des départements paramédicaux. »