Hubert Mongon, négociateur en chef du Medef.
Vers un « parcours d'évolution professionnelle à l'initiative du salarié » ?
Les partenaires sociaux ont discuté le 7 mars sur la base d'un premier document proposé par le patronat, dans le cadre de la négociation interprofessionnelle sur l'emploi des seniors. Les organisations patronales proposent notamment d'instaurer un « parcours d'évolution professionnelle à l'initiative du salarié » .
Par Mariette Kammerer - Le 11 mars 2024.
A l'issue d'une séance jugée « très compliquée » par la CFDT, la lassitude se lit sur les visages. Pour commencer, les organisations syndicales n'ont reçu le document de travail du Medef que la veille au soir, sans respect du délai réglementaire de 72H. Ensuite elles ont découvert qu'il ne reprend pas l'intitulé d'origine - « pour un nouveau pacte de la vie au travail », mais est devenu un projet d'accord « en faveur de l'anticipation et de l'accompagnement des transformations de l'emploi ».
Il s'agit d'un plan détaillé autour des thèmes suivant : « mieux anticiper les évolutions des emplois et compétences » , « accompagner les parcours professionnels des salariés pour maintenir leur employabilité », « prévenir l'usure et la désinsertion professionnelle », « lever les freins au recrutement », et « aménager les fins de carrières ».
La participation de la CFDT en suspens
Surprise, le CETU (compte épargne-temps universel) n'y figure plus. « Medef et CPME ont tenté de le sortir de la négociation alors qu'il est inscrit dans le document d'orientation », pointe la CFTC. « Cela remet en question l'économie globale de l'accord », ajoute FO. Pour la CFDT, la ligne rouge a été franchie : « Notre bureau national du 14 mars décidera si on arrête la négociation ou si on continue ». Mais sans le CETU, ses exigences monteront d'un cran : « Tout coûtera plus cher », résume Yvan Ricordeau.
La séance a été consacrée à passer en revue les différents points du plan, sans entrer dans le détail et le concret. « On n'a pas de réponse sur ce que le patronat veut mettre dedans », regrette FO. Les intitulés sont en effet très généraux : « Rappels des outils », « renforcer la prévention », « encourager le dialogue social », « réaffirmer le rôle des branches ». « Quelles actions derrière tout ça ? C'est vide de sens et on n'a pas obtenu d'autres précisions, s'agace la CFTC, il n'y a rien de nouveau dans ce plan ».
Transitions professionnelles
Le projet du patronat réintroduit un « rendez-vous clé en 2è partie de carrière » - qui était une demande des syndicats - et préconise des entretiens « plus qualitatifs ». La CFTC propose de « faire intervenir le CEP (conseil en évolution professionnelle) tous les dix ans, pour les métiers à sortie précoce ».
Sur les reconversions professionnelles il propose un « parcours d'évolution professionnelle à l'initiative du salarié », qui serait « un mix entre PTP (CPF de transition) et dispositif de démission reconversion », et « un parcours d'évolution professionnelle co-construit », c'est-à-dire « un mix entre TransCo, congé de mobilité et Pro-A ».
Pour la CFTC « les dispositifs actuels de reconversion sont efficients et doivent perdurer », elle attend plus de précision sur le projet de les fusionner. FO n'est pas opposé à rassembler ces dispositifs, mais veut « conserver les associations Transition pro (ATpro) » et demande « un droit à la reconversion » incluant pour les métiers pénibles à « un abondement du compte pénibilité ».
Issue incertaine
Au chapitre de la GPEC, la CFTC attend « des outils concrets », et notamment « une cartographie des métiers à sorties précoces (pénibles) faite par les branches, pour définir des aires de mobilité et les compétences à acquérir » pour se reconvertir.
La prochaine séance de négociation doit se tenir le 20 mars. Les organisations syndicales enverront chacune leurs propositions le 14 mars, afin que le Medef puisse les intégrer dans son nouveau projet qu'il enverra le 18. « Il faudra des engagements plus significatifs s'ils veulent qu'on signe, et des droits nouveaux pour les salariés », prévient la CFTC. Mais « à deux séances de la fin, on ne voit aucune voie de passage sur aucun des items », s'inquiète la CFDT.