Cérémonie d'ouverture des WorldSkills Lyon 2024 en présence du président de la République.

Cérémonie d’ouverture des WorldSkills Lyon 2024 en présence du président de la République.

Worldskills 2024 : le rôle moteur de la voie professionnelle en faveur de l'inclusion

C'est l'autre événement des Worldskills. Pendant que les jeunes compétiteurs s'affrontent, une conférence internationale organisée les 11 et 12 septembre porte l'ambition de placer l'enseignement et la formation techniques et professionnels au premier rang des priorités mondiales. La plénière d'ouverture a souligné le rôle moteur de la voie professionnelle pour l'inclusion sociale.

Par - Le 12 septembre 2024.

Et non, en cette semaine du 10 au 15 septembre, la France n'est toujours pas sortie de sa séquence olympique. Après les sportifs, place aux professionnels avec la finale mondiale des Worldskills, les jeux olympiques des métiers. Pour Florence Poivey, la présidente de Worldskills France interrogée juste avant la plénière d'ouverture, « c'est la chance extraordinaire d'un héritage qui s'annonce exceptionnel pour faire rayonner l'envie et la fierté des métiers. » Pourquoi est-ce important ? Au-delà d'une nécessité économique, il apparaît que les 59 métiers représentés aux Worldskills sont une voie d'insertion essentielle au développement de sociétés inclusives.

Repenser le système

Représentante de l'État pour cette séance introductive, c'est d'abord la ministre du Travail Catherine Vautrin qui voit dans cette compétition mondiale une « vitrine pour les métiers et les savoir-faire, véritable tremplin pour les jeunes. » Dans un monde en transition, les Worldskills sont pour elle un élément de réponse à « nos besoins sans précédent de compétences au niveau mondial. » Avec plus de 70 pays représentés, l'événement est aussi une occasion unique de « comparer les modèles respectifs pour faire évoluer la société. » Pour Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation nationale, il y a une responsabilité économique et morale des décideurs à repenser collectivement l'avenir de l'enseignement et de la formation professionnels. Ce qui suppose d'accroître les partenariats avec le monde du travail et de donner toute sa place à l'innovation pédagogique.

Former 2,8 millions de travailleurs

Nicole Belloubet insiste, en France comme à l'international, les secteurs les plus demandeurs en compétences d'avenir sont l'économie verte et l'économie numérique. Dans le détail et pour la France, ce sont quatre secteurs clés qui nécessitent une attention particulière : la réindustrialisation, la transition écologique, la santé et le numérique. Soit et au total selon Catherine Vautrin, un besoin de 2,8 millions de travailleurs à former d'ici 2030. Mais si le potentiel de croissance de ces secteurs est exceptionnel, il réclame aussi « des changements dans les compétences attendues auxquels nos systèmes d'enseignement doivent répondre », souligne Nicole Belloubet. L'occasion pour la ministre de l'Éducation nationale d'évoquer les mesures de lutte contre le décrochage et d'appeler à poursuivre le combat pour l'égalité de genre, en luttant contre les stéréotypes persistants qui détournent les filles de certains métiers.

Une préoccupation mondiale

Au niveau européen, c'est Nicolas Schmit, commissaire européen chargé de l'emploi et des droits sociaux, qui rappelle que l'enseignement et la formation techniques et professionnels sont un « moteur d'inclusion sociale » pour l'Europe, qui compte à ce jour près de 8 millions de jeunes ni en emploi ni en formation. Parmi les initiatives les plus récentes, le commissaire cite Europe on the move, adoptée pour promouvoir la mobilité pour tous, y compris les apprentis. Pour l'Union africaine, c'est Mohamed Belhocine, commissaire de l'Union africaine à l'éducation, à la science, à la technologie et à l'innovation, qui met en avant l'importance d'une évolution des systèmes d'enseignement et de formation techniques et professionnels pour répondre aux besoins d'une population jeune en pleine croissance. C'est tout l'objet de l'agenda 2063 qui vise à développer une force de travail compétente et innovante pour soutenir la transformation économique et sociale du continent. Mais il ne manque pas de le rappeler, le défi est d'ampleur pour un continent qui compte 55 pays de niveau et systèmes très différents.

Investir et innover

Du côté des organisations internationales c'est l'OIT (Organisation internationale du travail) et l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) qui auront également souligné l'importance d'augmenter les investissements dans les compétences pour assurer un avenir inclusif et durable. Un effort collectif est nécessaire pour réimaginer et réinventer les systèmes d'enseignement et de formation techniques et professionnels.