Jean-Philippe Audrain, président de la Fnadir.
Apprentissage : les directeurs de CFA dans l'expectative
La chute du gouvernement Barnier a mis un coup d'arrêt aux travaux engagés sur le financement de l'apprentissage et sur la régulation du système par la qualité. Dans l'attente d'un nouvel exécutif et d'une reprise des discussions, les directeurs de CFA (centres de formation d'apprentis), par le biais de leur fédération, font part de leur difficulté à piloter leur activité dans un environnement incertain.
Par Estelle Durand - Le 19 décembre 2024.
L'instabilité politique plonge l'écosystème de l'apprentissage dans l'incertitude. L'examen des textes budgétaires pour l'année 2025, qui comportaient plusieurs mesures liées à l'apprentissage, a été stoppé avec la censure du gouvernement. Dans l'attente d'un nouvel exécutif, la concertation sur le financement de l'apprentissage engagée fin novembre par le ministère du Travail a été suspendue. Il en va de même pour les groupes de travail qui planchent depuis un moment sur la question de la régulation du système par la qualité. Et les arbitrages sur le devenir de l'aide à l'embauche d'apprentis ne sont toujours pas connus. Un contexte qui ne facilite pas le quotidien des dirigeants de CFA.
Stabiliser le système
La Fédération nationale des directeurs de CFA, qui avait salué l'ouverture de la concertation sur la réforme du financement de l'apprentissage, regrette que la dynamique soit à l'arrêt. C'était pour elle l'occasion d'avancer des propositions pour sécuriser l'environnement dans lequel évoluent ses adhérents. « Ce qui est important à nos yeux, c'est que les fondamentaux de l'apprentissage soient ancrés dans la durée, ce qui passe par un système plus soutenable sur le plan financier », estime Jean-Philippe Audrain, président de la fédération. Le système actuel, parce qu'il est en déficit et soumis à des ajustements incessants, ne permet aux CFA de se projeter sur plusieurs années, selon la fédération qui appelle à davantage de stabilité et de visibilité.
Des tendances peu favorables
Au flou politique s'ajoute une situation économique plus tendue qui risque de freiner les embauches d'apprentis. Après une année 2023 marquée par un ralentissement des entrées en apprentissage, la Fnadir s'attend à une stagnation voire à une baisse des effectifs en 2024. Autres problématiques : l'évolution de la démographie qui se traduit par une baisse du nombre d'élèves. A cela s'ajoute « une propension toujours actuelle à orienter les collégiens qui sortent de 3ème vers l'enseignement général ou technologique », explique le président de la Fnadir. Des tendances qui « mécaniquement réduisent le vivier de jeunes et créent des tensions en termes de recrutement », précise Jean-Philippe Audrain. Dans un contexte de réduction des dépenses, ces baisses d'effectifs risquent de se répercuter sur la situation économique des CFA dont le mode de financement est basé sur le nombre d'apprentis formés.
Des enjeux qualitatifs
Dans ce climat incertain, la Fnadir continue à porter ses propositions en faveur d'un apprentissage « durable » ce qui passe notamment par une régulation tenant compte des enjeux de qualité. Un sujet exploré par différents acteurs. Dans un récent rapport, l'Igas préconise par exemple de moduler le financement des CFA en fonction d'indicateurs qualitatifs. Attention cependant « à ne pas réduire la question de la qualité à des critères uniquement centrés sur l'insertion professionnelle, l'apprentissage est aussi une voie d'éducation », souligne Pascal Picault, chargé de mission à la Fnadir. Pour la fédération, l'aide à l'embauche d'apprentis devrait également s'envisager dans une logique qualitative. « Nous considérons que la prime versée aux employeurs par l'Etat doit soutenir l'effort d'accompagnement des apprentis. A ce titre, elle devrait être assortie de contreparties », estime Jean-Philippe Audrain.
Une fédération en mouvement
En cette période charnière pour l'avenir de l'apprentissage, la Fnadir qui fédère 650 directeurs de CFA poursuit sa mutation. Lors du congrès annuel qui s'est tenu à Quimper du 11 au 13 décembre, l'assemblée générale a validé le projet de transformation qui prévoit un renforcement de son offre de services aux adhérents et une ouverture de la fédération à d'autres acteurs qui gravitent dans l'écosystème de l'apprentissage (personnes physiques et morales). Pour soutenir ce développement, la Fnadir prévoit de recruter deux personnes en 2025.
Le bureau de la Fnadir
Lors de son assemblée générale, la Fnadir a désigné son nouveau bureau composé de huit membres au lieu de six auparavant. Jean-Philippe Audrain a été reconduit à la présidence pour un mandat de trois ans. Jean-Philippe Audrain, président Olivier Fouquet, 1er vice-président Alain Bao, 2ème vice-président Florence Bar-Ledieu, secrétaire nationale Robert Dufour, trésorier Laurence Leblanc Cathy Ranoux Hervé Tessereau |