Des reconversions professionnelles de plus en plus précoces

Selon la dernière analyse du Céreq, publiée le 6 mars dernier, près de 36% des jeunes sortis du système scolaire en 2017 envisagent une réorientation professionnelle. Phénomène conjoncturel ou plus structurel ? L'étude décrypte les motivations de cette mobilité précoce et invite à intégrer ces profils au sien des dispositifs de reconversion.

Par - Le 18 mars 2025.

Le sujet des reconversions au cœur de la feuille de route du ministère du Travail présentée lors de la dernière UHFP ne concerne pas seulement les actifs seniors ou en milieu de carrière. Selon une récente note d'analyse issue de l'enquête Génération du Céreq, 36% des jeunes sortis de formation initiale en 2017 ont envisagé une réorientation professionnelle entre le printemps 2020 et l'automne 2023 et 24% ont engagé des démarches dans ce sens. Si ce phénomène traduit pour une majorité d'entre eux des difficultés d'insertion, il reflète d'autres réalités dans un monde en pleine transformation : quête de sens, recherche de meilleures conditions de travail ou attrait pour un nouveau secteur.

De nouvelles aspirations professionnelles

L'étude du Céreq dresse le portrait d'une génération confrontée dès le début de sa vie active par l'onde choc de la crise sanitaire. La période de confinement semble avoir accéléré des tendances déjà à l'œuvre. Très médiatisés, les parcours des « déserteurs », ces jeunes diplômés prêts à changer de vie pour un métier manuel, de préférence proche de la nature, semblent répondre à une évolution structurelle des aspirations professionnelles. Ainsi, 93% des jeunes ayant amorcé leur réorientation l'ont fait pour changer de métier, 83% pour évoluer vers un autre secteur, plus de 50% pour un autre statut (indépendant ou salarié) et 30% pour un autre lieu de vie. Selon les résultats de l'étude, les motivations de cette mobilité précoce vont en ordre décroissant de l'attirance pour un nouveau métier (84%), la quête de sens (77%), l'amélioration des conditions de travail (67%) jusqu'au désir d'obtenir une meilleure rémunération (58%). D'autres ressorts jouent et interrogent comme le décalage entre la formation suivie et le métier choisi ou encore la surreprésentation de secteurs en tension comme l'hôtellerie- restauration, le commerce.

Un parcours de reconversion difficile

Le parcours de ces jeunes en cours de reconversion s'avère complexe. Il implique un investissement personnel et financier important. Beaucoup d'entre eux (60%) ont connu une période de chômage, accentuant leur instabilité. Les candidats à la réorientation de leur carrière mobilisent davantage les dispositifs existants. Ainsi, 32% ont engagé une reprise d'études ou de formation, 25% ont utilisé leur CPF (Compte personnel de formation) et 15% un CEP ( Conseil en évolution professionnelle). Les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Seuls 18% d'entre eux considèrent que leurs démarches ont abouti et 23% les ont suspendues ou abandonnées. Sachant que les plus concernés par cette réorientation  en début de vie active restent des profils plus éloignés de l'emploi ayant rencontré des difficultés d'insertion, le Céreq pointe la nécessité d'un accompagnement adapté et invite à ne pas négliger les jeunes au sein des dispositifs de reconversion des adultes. Un élément à prendre en compte dans les réflexions prévues par le ministère du Travail.