Célia Rennesson, directrice générale du réseau Vrac et réemploi.
Former aux métiers du vrac et du réemploi
En ce mois du Vrac et du Réemploi, le réseau du même nom a voulu donner plus de visibilité à un secteur en plein essor qui compte 8 000 emplois mais en prévoit 30 000 de plus dans les quinze prochaines années. Des métiers nouveaux et d'autres en mutation.
Par Catherine Stern - Le 04 avril 2025.
8 000 emplois : c'est ce que représente la filière vrac et réemploi, dont 80% dans la distribution, selon le premier baromètre Deloitte de 2024. Avec les différents objectifs français et européens de réduction des emballages à usage unique et d'augmentation des surfaces de vente en vrac [ 1 ]Les objectifs sont la fin des emballages plastiques à usage unique d'ici 2040, la réduction de 50% des bouteilles plastique à usage unique d'ici 2030 avec, à la même date, 20% de la surface de vente des produits de grande consommation dédiés au vrac et produits sans emballage dans les grandes surfaces de plus de 400 m²., le potentiel de cette reUse economy (économie de la réutilisation) serait de 30 000 emplois directs supplémentaires avec des métiers nouveaux et d'autres en mutation [ 2 ]Sources : baromètre Deloitte 2024 et étude Ellen Mac Arthur Foundation 2023 « unlocking a reuse revolution »..
ReUse economy
Les métiers en mutation sont détaillés par Célia Rennesson, directrice générale du Réseau Vrac et Réemploi : fournisseurs d'emballage, metteurs en marché, distributeurs, collecteurs et transporteurs, opérateurs de retour d'emballages propres. Un exemple : la startup Pandobac, créé en 2018 par Shu Zhang, ancienne gérante de restaurant aujourd'hui présidente du réseau, pour remplacer les emballages logistiques à usage unique par des bacs réemployables. Les formations en écoles d'ingénieurs de packaging tiennent compte de ces transformations et commencent à formaliser la partie réemploi des emballages. Du côté des nouveaux métiers, la directrice cite la reverse logistique (logistique retour) et le data analyst qui apporte de solutions techniques et technologiques, à l'instar de la startup Bocoloco proposant des outils de consigne électronique et de pilotage du réemploi à 360°.
La Région Centre Val-de-Loire, qui travaille avec le réseau Vrac et Réemploi depuis 2023, croit à cette « révolution industrielle ». Celle qui accueille sur son territoire (dans le Loiret) l'emblématique verrier Duralex repris par ses salariés mi-2024, prépare une feuille de route sur l'économie circulaire et lancera en septembre un test de collecte d'emballages réemployables. A proximité, Citeo lance cette année ReUse, une expérimentation à l'échelle de quatre régions (Pays-de-la-Loire, Bretagne, Normandie, Hauts-de-France) afin de faire émerger un dispositif de réemploi national et mutualisé pour les emballages alimentaires en grandes surfaces. « La région se positionne sur la reUse economy, affirme Jérémy Godet, deuxième vice-président en charge de la transformation écologique et sociale des politiques publiques. On doit pouvoir se placer sur ces créneaux pour faire émerger de nouveaux emplois, estimés à 3-4000 emplois, ce qui n'est pas neutre pour notre région. »
Pas de formation obligatoire
820 épiceries vrac existent aujourd'hui en France. « Le secteur du vrac et du réemploi est une filière jeune, en amorçage, mais qui est destinée à passer à l'échelle, assure Célia Rennesson. C'est une industrie en devenir avec pour l'instant beaucoup de créateurs, et surtout de créatrices, dont 50% ont un niveau bac+5, diplômées d'écoles d'ingénierie ou de commerce, et 57% de 25-44 ans. Mais la pyramide des âges va se rééquilibrer et le type de diplômes se diversifier ».
Actuellement, aucune formation n'est exigée pour débuter dans la vente en vrac. « Rien n'existait avant le lancement en 2013 de Day by day, enseigne 100% vrac, et il a fallu former », témoigne David Sutrat, son fondateur, dont l'entreprise à mission Osmosia assume trois métiers : sélectionneur de produits, logisticien et conditionneur circulaire depuis 2015, avec son centre de lavage au sein d'un Esat [ 3 ]Établissement et service d'accompagnement par le travail, pour des personnes en situation de handicap. des Yvelines depuis 2017. C'est pourquoi Osmosia a créé son propre organisme de formation Bulk factory, certifié Qualiopi en 2021. Son catalogue compte une quinzaine de formations s'adressant à des porteurs de projets ou à des industriels. Deux niveaux sont proposés : des formations en e-learning ou tutoriel vidéo pour l'acquisition des bonnes pratiques et d'autres en présentiel animées par des experts sur l'hygiène-qualité ou le merchandising. « Notre produit phare, qui s'adresse à nos franchisés mais aussi au-delà, est une formation de 420 heures sur trois mois avec trois modules pour devenir vendeur, commerçant et gérant, avec une alternance d'une semaine théorique et trois semaines en magasin », détaille David Sutrat. Son espoir, avec l'obligation réglementaire de consacrer 20% au vrac dans les grandes surfaces d'ici 2030 : que la grande distribution se mette à former ses chefs de rayon, ce qui représenterait des milliers de formations.
Notes
1. | ↑ | Les objectifs sont la fin des emballages plastiques à usage unique d'ici 2040, la réduction de 50% des bouteilles plastique à usage unique d'ici 2030 avec, à la même date, 20% de la surface de vente des produits de grande consommation dédiés au vrac et produits sans emballage dans les grandes surfaces de plus de 400 m². |
2. | ↑ | Sources : baromètre Deloitte 2024 et étude Ellen Mac Arthur Foundation 2023 « unlocking a reuse revolution ». |
3. | ↑ | Établissement et service d'accompagnement par le travail, pour des personnes en situation de handicap. |