Cannes, le 24 janvier 2025. Partenaires et sympathisants de la Conférence permanente des organismes de formation célèbrent le lancement de la nouvelle instance de dialogue, de plaidoyer et de propositions lors de la 19e Université d’hiver de la formation professionnelle (DR)

La conférence permanente des organismes de formation : une nouvelle voix pour le secteur

Dans un contexte de mutations profondes et de contraintes budgétaires, les principaux réseaux d'organismes de formation et d'accompagnement se mobilisent pour créer une instance de dialogue et de propositions : la « conférence permanente des organismes de formation ». Une initiative née d'un besoin de réflexion approfondie.

Par - Le 04 février 2025.

Entre baisse de la commande publique, suppression de dispositifs, évolution des financements et instabilité politique, nombreux sont les acteurs – du Synofdes [ 1 ]Syndicat national des organismes de formation de l'économie sociale. (notre article) aux Urof[ 2 ]Unions régionales des organismes de formation. (notre article) en passant par l'APapp [ 3 ]Association de promotion du label Atelier de pédagogie personnalisée (APP). (notre article) et les CIBC [ 4 ]Centres interinstitutionnels de bilans de compétences. (notre article) –, qui ont ces derniers mois multiplié les alertes. Et ce sont ces quatre premiers réseaux, déjà rejoint par Catalys, opérateur du conseil en évolution professionnelle aux salariés et aux indépendants en Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, qui ont profité de la 19e Université d'hiver de la formation professionnelle pour officialiser le lancement de leur association.

Une réflexion sur l'avenir de la formation

Objectif de cette conférence permanente née en octobre 2024 d'une décision des assemblées générales du Synofdes et de la fédération nationale des Urof ? Dépasser les réactions de court-terme pour construire une vision d'avenir. Avoir, au-delà de la défense des intérêts particuliers, une réflexion approfondie sur les mutations sociétales et leurs impacts sur la formation. « Ceux qui décident pour nous n'ont pas toujours l'information ni l'analyse nécessaire pour prendre les décisions les plus éclairées », commente Sophie Clamens, déléguée générale de la Fédération nationale des CIBC et membre du bureau du Synofdes. Fidèle à la ligne des CIBC, elle n'imagine pas inscrire la conférence permanente dans une logique d'opposition frontale et purement revendicative, mais voit dans le collectif une « source de propositions », convaincue que toute crise à ses « marges de manœuvre ».

Approche décentralisée

Pour l'heure, la conférence permanente qui se pense comme une « instance de dialogue, de plaidoyer et de propositions au service d'une vision humaniste et inclusive de la formation centrée sur l'émancipation des personnes », se « construit en marchant », expose Philippe Genin, président du Synofdes. Première échéance, la rédaction d'une charte d'engagement et de valeurs qui devrait être disponible courant février et à laquelle devront adhérer les membres actuels et futurs de la CPOF. Il le précise, l'association entend fonctionner en mode décentralisé en développant les échanges au niveau régional, en commençant d'ici à l'été par Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour David Cluzeau, délégué général du Synofdes et président de l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire (Udes), l'ambition est ainsi de « créer des mécanismes de réflexion sur l'ensemble des territoires. »

Un espace de dialogue

Du côté de la fédération nationale des Urof, c'est son secrétaire général, Grégoire Fraty, qui dit voir en la CPOF l'occasion d' « élargir le spectre des réflexions et de redonner élan et sens à nos pratiques et métiers ». Dans un format qui rappelle la convention citoyenne pour le climat dont il a été membre, Grégoire Fraty voit dans la CPOF l'opportunité de « faire des auditions, d'aller rencontrer des réseaux, des experts, des sociologues, des économistes…, pour avoir des réponses aux questions que nous nous posons et que nous avons envie de poser aux politiques ».

Engagés pour l'intérêt général

« Nous sommes tous soumis aux mêmes difficultés de pouvoir continuer à accompagner correctement nos différents publics avec des coupes budgétaires drastiques », rappelle Laurence Martin, déléguée générale de l'APapp. Mais « l'économie sociale et solidaire, ce n'est pas du social pour le social ; c'est du social au service des territoires, de la pérennité économique et d'une citoyenneté éclairée », plaide-t-elle. Manière de placer la conférence permanente dans une logique d'intérêt général, portée par une diversité de structures qui partagent un même enjeu. « Aujourd'hui, on subit beaucoup mais, plutôt que subir, ajoute Grégoire Fraty, nous allons proposer, formuler des scénarios et contre-scénarios chiffrés, argumentés et étayés. » Avec une réflexion de fond sur l'avenir du secteur, la CPOF entend ainsi porter la voix des organismes de formation auprès des décideurs politiques et des financeurs.

Prochaines étapes

Parmi les principaux chantiers à venir, David Cluzeau cite « la qualité de la formation, les financements de l'apprentissage, la question des dispositifs de reconversion et l'évolution du compte personnel de formation. » En ligne de mire : « les importantes échéances électorales de 2027... »

Désormais rassemblés dans une sorte de think tank collaboratif de l'économie sociale et solidaire, les membres de la conférence permanente devrait prochainement se doter d'une plateforme en ligne, « outil de travail et lieu d'expression. »

Notes   [ + ]

1. Syndicat national des organismes de formation de l'économie sociale.
2. Unions régionales des organismes de formation.
3. Association de promotion du label Atelier de pédagogie personnalisée (APP).
4. Centres interinstitutionnels de bilans de compétences.