La Cour des comptes invite l'Opco EP à adopter une approche par filières
Depuis sa création, l'opérateur de compétences des entreprises de proximité a su « relever d'importants défis » dont la forte croissance du nombre d'apprentis. Mais dans son rapport, la Cour des comptes pointe aussi plusieurs axes d'amélioration : développer une approche plus transversale, favoriser les ressources et compétences internes, recourir moins fréquemment aux prestations de conseil...
Par Sarah Nafti - Le 24 février 2025.
Face à la grande diversité de secteurs d'activités qui relèvent de son périmètre, l'opérateur de compétences des entreprises de proximité (Opco EP) « peine à développer une approche transverse et mutualisée qui dépasse la seule amélioration du service rendu dans le traitement des dossiers et l'information des entreprises », remarque la Cour des comptes dans un rapport publié le 18 février. Avec 53 branches représentant 434 600 entreprises et 2,4 millions de salariés, l'Opco EP est l'un des plus importants opérateurs de compétences. Ses engagements bruts de formation s'élèvent à plus de 2,4 milliards d'euros en 2023.
Des rapprochements à opérer
« Les instances qui composent l'Opco EP sont nombreuses et comprennent environ 1000 administrateurs », constate la Cour. Un choix de gouvernance qui implique « une lourdeur certaine ». « Pour l'élaboration de la politique de prise en charge des actions de formation, l'Opco s'appuie sur 32 sections paritaires professionnelles qui sont majoritairement mono-branche et ne couvrent parfois que quelques milliers d'emplois ». Il est donc nécessaire « d'opérer des rapprochements de ces sections », souligne la Cour des comptes. Pour améliorer la mutualisation « de premières actions ont été lancées, avec une harmonisation des frais annexes des actions de formation » mais elles sont encore « insuffisamment structurantes ». Une approche transverse et mutualisée « pourrait s'opérer par filières » plutôt qu'au niveau de l'Opco en entier.
Des axes d'amélioration et des point forts
La Cour regrette par ailleurs que la direction générale fasse « un appel massif aux prestations de conseil », malgré un effectif de 1 140 collaborateurs et suggère « de mettre fin au plus vite à ce mode de fonctionnement très dispendieux ». La Cour des comptes dresse également un rappel du droit sur le respect du code de la commande publique.
La Cour remarque cependant que l'Opco « a su relever d'importants défis dans un contexte de crise sanitaire et de réorganisation » et notamment celui « d'une croissance inédite du nombre d'apprentis ». Il est parvenu « à accélérer notablement les délais de traitement des dossiers » et « s'est positionné comme un acteur clef de cette politique publique, en faisant des centres de formation des apprentis des bénéficiaires de son accompagnement et en développant des actions territoriales de promotion de l'alternance ».
Intensifier ses actions auprès des entreprises
Concernant l'accès des très petites, petites et moyennes entreprises et de leurs salariés à la formation professionnelle, « l'opérateur a dépassé les objectifs qui lui avaient été assignés ». Aux côtés des outils numériques qu'il développe, l'opérateur « doit unifier son modèle de conseil », « intensifier ses interventions auprès des entreprises » dans un objectif quantitatif et qualitatif de ciblage des formations. Un effort demeure aussi nécessaire « dans la maîtrise de la masse salariale » et des charges externes : « des gains de productivité sur la gestion doivent encore être réalisés, avec l'aboutissement des projets de transformation du système d'information et une harmonisation plus grande des barèmes de prise en charge », estime la Cour des comptes.
Pour aller plus loin :
Le rapport de la Cour des comptes sur l'opérateur de compétences des entreprises de proximité