Damien Amichaud, chef de projet au Shift Project, Cécile de Calan, ingénieure de projet, et Vinciane Martin, coordinatrice emploi et formation, lors de la présentation du rapport sur la formation des actifs, le 5 mars 2025.

Damien Amichaud, chef de projet au Shift Project, Cécile de Calan, ingénieure de projet, et Vinciane Martin, coordinatrice emploi et formation, lors de la présentation du rapport sur la formation des actifs, le 5 mars 2025.

La formation à la transition écologique reste à construire

La transition écologique va susciter d'importants besoins en formation mais, pour le moment, il n'y a ni offre ni demande, constate le Shift project dans un rapport publié récemment. Le groupe de réflexion fait des propositions pour anticiper les besoins futurs.

Par - Le 18 mars 2025.

Le groupe de réflexion oeuvrant à la décarbonation de l'économie, le Shift project, a présenté récemment au Conservatoire des arts et métiers à Paris, son rapport sur la formation des actifs à la transition écologique. Partant du credo que sans formation continue il n'y aura pas de transition écologique, « l'enjeu est de développer les compétences en transition écologique de 30 millions d'actifs », explique Vinciane Martin, coordinatrice emploi et formation au Shift Project, co-auteure du rapport. Si tant d'actifs sont concernés, c'est parce qu'il faut les former -pour, le cas échéant, les reconvertir- dans les métiers directement concernés (mécaniciens pour moteurs électriques, chefs de chantier bois-béton, médecins pour soigner l'exposition aux fortes chaleurs...), mais aussi dans les métiers transverses et, plus généralement, les acculturer aux enjeux de la transition écologique.

Sans demande, pas d'offre de formation

Or tout reste à faire. « L'offre de formation n'est pas prête et la demande est atone », constate Cécile de Calan, ingénieure de projet au Shift Project, co-auteure du rapport. En 2023, seuls 1 % des dossiers de formation financés par des comptes personnels de formation ont préparé à des certifications touchant à la transition écologique. Faute de demande, il n'y a pas d'offre de formation  -mais un peu de sensibilisation. Et comme cela prend plusieurs années de développer une offre (ingénierie, certifications), celle-ci risque de ne pas être prête quand il y aura de la demande. De plus, « quand le carnet de commandes est plein, les entreprises n'ont pas le temps de former leurs salariés », remarque Cécile de Calan. A cette temporalité complexe s'ajoutent d'autres obstacles : l'instabilité réglementaire, le manque d'attractivité de certains métiers, le manque de formateurs.

Néanmoins, il est possible d'agir, comme le montrent trois initiatives mises en exergue dans le rapport. La stratégie de décarbonation de la région Hauts de France ; le module de formation du Centre national de la fonction publique territoriale ; les reconversions dans la filière automobile. Damien Amichaud, chef de projet au Shift Project, co-auteur du rapport, en déduit notamment que les formations se développent quand il y a un cap clair (l'interdiction des moteurs à explosion en 2035 en est un) et que les acteurs font alliance.

Des leviers pour développer l'offre

Les auteurs du rapport concluent pas huit recommandations : planification par l'Etat et les filières ; mobilisation des décideurs économiques par les Opco (opérateurs de compétences) et par le ministère du Travail ; dialogue social ; transformation de l'offre de formation... Invitée à réagir, Sophie Thiéry, présidente de la commission travail et emploi du Conseil économique, social et environnemental (CESE), estime qu'il faudrait également ajouter la transition écologique comme nouveau critère d'enregistrement des titres au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Elle rappelle en effet que l'inscription au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) donne aux organismes de formation l'accès à des financements publics.