Le studio Nyx présente le sécateur virtuel « Ampelos », à l’institut de formation de Richemont (Charente), le 13 février 2025.
La réalité virtuelle pour mieux former aux métiers du cognac
En Charente, l'institut de Richemont investit 500 000 euros sur trois ans dans des outils pédagogiques jugés efficaces pour l'apprentissage de la viticulture.
Par Benoît Caurette - Le 06 mars 2025.
L'audace technologique tranche avec les vieilles pierres du site. À quelques kilomètres de Cognac, l'Institut supérieur de formation par alternance de Richemont, installé dans un ancien séminaire en pleine campagne, mise sur la réalité virtuelle pour enrichir ses formations vitivinicoles en alternance (de la seconde au bac +3), ou dispensées en continue. « Nos étudiants doivent maîtriser ces technologies, car elles les rapprochent du tissu économique qui en est très friand », milite Yannick Laurent, directeur, lors des « Rencontres des technologies et formations immersives » organisées sur place par la pépinière Eurekatech d'Angoulême-Cognac, le 13 février.
Accompagner le bon geste technique
La viticulture et l'œnologie concernent près de la moitié des 340 apprenants de l'institut. Déployée dans cette filière, « la réalité virtuelle accompagne le bon geste technique jusque dans la prévention des risques professionnels, tout en réduisant les coûts des outils pédagogiques », pose Laurent Mabille, enseignant et responsable du pôle formation continue vigne et vin. Avec un budget de 500 000 euros financé à 80 % par la Région Nouvelle-Aquitaine, Richemont s'est doté d'une « cabine » de machine à vendanger minimaliste mais fonctionnelle.
Sécateur virtuel
Un simple siège d'engin agricole, un volant et surtout un casque de réalité virtuelle : cet I Cab « permet un apprentissage approfondi, y compris par l'erreur, en simulant des situations périlleuses comme des accidents ou des retours d'engin, sans risque physique ni économique. On prend conscience du pire sans s'y exposer réellement ». Depuis la rentrée, l'institut utilise également le « sécateur virtuel » Ampelos, développé par le studio Nyx d'Angoulême dans le cadre d'un consortium [ 1 ]11 centres de formation, écoles d'ingénieurs et universités, Maison Hennessy, le CEA sur les jumeaux numériques, les maîtres tailleurs de Simonit et Sirch.. « Outre l'apprentissage des gestes de taille et des postures limitant les troubles musculosquelettiques, on peut massacrer un cep ou se couper un doigt sans aucun problème : un simple clic suffit à tout réinitialiser. »
Alambic virtuel
D'autres outils viendront enrichir cette approche, comme un simulateur de pulvérisation et une cabine de tracteur de vendange. Un alambic virtuel est également à l'étude, ainsi que des dispositifs d'exploration du sol et des systèmes racinaires. « Grâce à l'expérience numérique, les stagiaires se familiarisent et mémorisent des gestes techniques complexes avant de les appliquer sur le terrain », insiste Laurent Mabille.
Retours positifs
Les premiers retours sont très positifs. « L'expérience immersive favorise la mémorisation à long terme, les apprenants, séduits par le côté ludique, sont plus concentrés, plus autonomes et plus impliqués » savoure le formateur. « La correction des erreurs en temps réel et l'analyse des gestes renforcent l'apprentissage en autonomie. L'étude des performances et la répétabilité exacte de chaque exercice permettent une évaluation plus objective et plus équitable entre les apprenants. »
Notes
1. | ↑ | 11 centres de formation, écoles d'ingénieurs et universités, Maison Hennessy, le CEA sur les jumeaux numériques, les maîtres tailleurs de Simonit et Sirch. |