La régulation de l'apprentissage, au cœur de la feuille de route de France compétences
En 2025, le système de l'apprentissage devra trouver la voie de sa soutenabilité financière. La mission observation et évaluation de France compétences en fait sa priorité pour 2025. Ses études centrées sur la qualité des parcours et l'évolution des modèles économiques des CFA nourriront les réflexions et les arbitrages à venir. Ces questions seront évoquées lors de l'Université d'hiver de la formation professionnelle, en particulier lors d'une table ronde qui se déroulera jeudi 23 janvier de 11 heures à 12 heures 30 à Cannes.
Par Catherine Trocquemé - Le 15 janvier 2025.
L'apprentissage au pied du mur. En ce début d'année 2025, le système né en 2018 doit trouver un second souffle. Le chantier de sa soutenabilité financière s'ouvre dans un contexte d'austérité budgétaire et d'instabilité politique. A une semaine de l'ouverture de la 19éme édition de l'Université d'hiver de la formation professionnelle (UHFP) organisée à Cannes les 22, 23 et 24 janvier prochain, le sujet occupe tous les esprits. Un projet de décret acte la baisse des aides à l'embauche d'apprentis. La libéralisation du marché, le soutien massif de l'Etat et le financement au coût contrat ont, certes, permis d'atteindre des niveaux historiques. La barre symbolique du million de jeunes en apprentissage est dépassée dès janvier 2024. Mais la facture pour les dépenses publiques ne cesse de flamber. Selon un récent rapport de la Cour des Comptes publié le 8 janvier dernier, le montant total des aides à l'embauche s'élève à 13,7 milliards d'euros sur 5 ans, de 2019 et 2023. La transition vers la fin du « quoiqu'il en coûte » s'annonce délicate. Et ce n'est pas le seul défi auquel l'apprentissage se trouve confronté. Face au déficit chronique de France compétences estimé à plus d'un milliard d'euros en 2024, la régulation des deux dispositifs financés à guichet ouvert (le CPF et l'apprentissage) conditionne la pérennité du système mis en place en 2018.
Etudier la qualité de l'apprentissage sous toutes ses coutures
Une mission au cœur de la création de l'instance par la loi Avenir professionnel. La feuille de route de sa direction observation et évaluation fixée en fin d'année dernière donne le ton. « L'apprentissage et sa régulation seront des sujets stratégiques pour 2025. Nos études traiteront tout particulièrement de la qualité des parcours sous différents angles. Il est important d'objectiver les enjeux afin de nourrir les débats sur de bonnes bases », confirme Béatrice Delay, cheffe de projet à la direction observation et évaluation de France compétences. Si un consensus existe sur la nécessité de mieux contrôler la qualité et d'en faire un des critères de régulation, encore faut-il s'entendre sur la mise en place des bons indicateurs. Pour alimenter les réflexions, France compétences prévoit de produire courant 2025 deux études qualitatives consacrées à la pédagogie de l'alternance. Ces études fourniront un socle commun d'analyses à partir de retours d'expérience et d'entretiens avec les acteurs de l'apprentissage. La première, attendue au 1er trimestre 2025 sous forme d'une synthèse de quatre pages, sera consacrée aux actions menées par les CFA afin d'articuler les apprentissages en centre et dans l'entreprise. La seconde à paraître au premier semestre, une enquête plus ouverte auprès des trois parties prenantes (apprentis, maîtres d'apprentissage et CFA) identifiera toutes les dimensions de la qualité d'un parcours.
Améliorer le fonctionnement du système évaluatif
La question de la qualité se pose au ministère du Travail dès 2023. Si l'instabilité à la tête de l'exécutif a pu ralentir les travaux, le sujet reste une priorité. D'autant plus que les comptes publics, fortement dégradés, vont devoir être assainis et les dépenses mieux encadrées. « L'enjeu d'une meilleure coordination de notre système évaluatif reste un axe fort de nos missions. Nous avons besoin d'un socle commun de connaissances pour appuyer le travail des concertations et les décisions publiques », Béatrice Delay. Dans le champ de la formation, les rapports se succèdent émanant de structures différentes (Dares, Céreq, France Stratégie, Igas, Cour des Comptes…). France compétences réalise une veille, invite les auteurs à présenter leurs travaux et anime des rencontres. Un séminaire consacré aux effets de la réforme de l'apprentissage et organisé en juin dernier donnera lieu à une synthèse de quatre pages à paraître fin janvier.
Indicateurs partagés
L'écosystème de la formation, de l'apprentissage et de la qualité a plus que jamais besoin d'indicateurs partagés afin de piloter un marché en quête de régulation. Dans ce contexte, le rôle de la direction observation et évaluation de France compétences devrait se renforcer. « Nous avons pour objectif d'élargir la diffusion de nos productions, notamment de nos synthèses, à l'ensemble des acteurs de l'écosystème et d'animer encore davantage des discussions sur les résultats d'études », précise Béatrice Delay.
S'inscrire à la table ronde relative à la régulation du marché de la formation, à l'Université d'hiver de la formation professionnelle, jeudi 23 janvier de 11 heures à 12 heures 30 à Cannes.