L'accompagnement des apprentis, un enjeu de qualité (Label Alternance)

L'édition 2025 du Label Alternance, délivré mi-février par la plateforme Engagement Jeunes, révèle un recul des formations bac +2 dans le classement pointant des difficultés d'accompagnement des jeunes sur ce niveau d'études. Les CFA en tirent des enseignements pour améliorer la qualité de leurs parcours.

Par - Le 26 février 2025.

Les résultats du Label Alternance, publiés le 13 février dernier par la plateforme Engagement Jeunes, ont surpris. Construit à partir des résultats de Qualiopi enrichis de questionnaires de satisfaction auprès des apprentis et de leurs tuteurs, ce label créé en 2021 note les parcours des CFA. Cette année, les formations de niveau bac +2 reculent à la 16éme position dans le palmarès au profit de l'enseignement supérieur qui se détache en tête du classement avec trois parcours bac +3 et bac +5. Un taux de diplomation en baisse explique la performance décevante des plus bas niveaux d'études. « Les difficultés éprouvées par les jeunes lors de leur examen ne concernaient pas les matières techniques mais les matières générales, notamment le français », confirme Sébastien Coueille, responsable technique d'Engagement Jeunes. Depuis la réforme de 2018, la démarche qualité structurée autour de la certification Qualiopi se déploie dans les organismes de formation. Dans le champ de l'apprentissage, cette question devenue stratégique sur un marché libéralisé en cours de régulation couvre des dimensions spécifiques. Outre les 14 missions réglementaires inscrites dans le Code du travail, les centres de formation des apprentis sont très attendus sur l'ingénierie pédagogique de l'alternance. Au cœur de la relation tripartite – jeunes, entreprises et école -, ils doivent développer une culture d'amélioration continue. S'engager dans un label comme celui proposé par la plateforme Engagement Jeunes leur fournit un outil de préparation à la certification Qualiopi mais aussi d'aide à la décision.

Une équation économique fragile

Le score défavorable enregistré sur les niveaux bac +2 a ainsi poussé les CFA à mettre en place des initiatives renforçant l'accompagnement des jeunes sur l'apprentissage du français. De plus en plus tendu, le sourcing de profils décrocheurs ou plus éloignés de l'emploi impose aux centres de formation des charges supplémentaires. « Il y a une tension de plus en plus forte sur leur équation économique », confirme David-Alexandre Gava, fondateur d'Engagement Jeunes. Un autre axe d'amélioration dans les pratiques des CFA émerge des résultats du label. Si plus de 80 % des étudiants se déclarent satisfaits de la qualité pédagogie de leurs parcours et se disent fiers d'avoir suivi cette voie de formation, 25 % d'entre eux considèrent qu'ils n'ont pas été suffisamment aidés dans la recherche d'une entreprise d'accueil. Créée en 2014, la plateforme Engagement Jeunes connecte toutes les parties prenantes de l'apprentissage et observe les mutations du marché.

Des maîtres d'apprentissage mieux formés

Face à une conjoncture économique moins favorable et à la contraction des politiques publiques, les CFA historiques paraissent mieux armés. Certains nouveaux entrants ont enregistré de mauvais résultats et quittent la plateforme. Du côté des entreprises, c'est l'heure de vérité. « Beaucoup d'entre elles ont découvert l'apprentissage à la faveur de la réforme. Si elles ont compris l'intérêt de cette voie de formation et de recrutement de talents, la baisse des aides ne devrait pas fragiliser le système », note David-Alexandre Gava. Les plus grandes d'entre elles ont d'ailleurs investi dans la formation de leurs maîtres d'apprentissage, professionnalisant cette fonction de tutorat, maillon essentielle de la réussite du parcours en alternance. Selon les résultats issus du label, 65 % d'entre eux seraient prêts à accueillir un nouvel alternant et se montrent satisfaits de la relation instaurée avec le centre de formation. Reste toutefois un point de vigilance : le décalage persistant entre le contenu des programmes et les réalités du monde du travail.