Le baromètre ISTF du digital learning souligne l'importance du tutorat

Pionnier de la formation à l'innovation techno-pédagogique, l'ISTF publie la onzième édition de son baromètre du digital learning. Il dresse un état des lieux des projets de transformation de l'offre de formation et met en lumière les efforts réalisés pour améliorer l'engagement des apprenants. Sur ce point, le tutorat joue un rôle clé.

Par - Le 26 février 2025.

Qu'est-ce qui motive les porteurs de projets digital learning en 2025 ? Encore et toujours loin devant, la recherche de l'efficacité pédagogique, bien que cette dernière ait perdu 11 points cette année au profit de la réduction des coûts. Mathilde Istin, directrice déléguée de l'ISTF, souligne que « l'optimisation financière va semble-t-il être au cœur des enjeux des départements formation en 2025. » Cette évolution reflète les tensions budgétaires actuelles, poussant les entreprises à rechercher des solutions économiques sans compromettre la qualité de la formation. Parmi toutes les options à disposition des acteurs de la formation, c'est le multimodal qui continue de faire la course en tête (54 %), suivi par le distanciel asynchrone (24 %).

Des freins périphériques

Les freins au développement du digital learning restent principalement liés aux ressources. Manque de temps, de compétences, d'effectifs, de budget et difficultés à recruter représentent 60 % des obstacles identifiés. « La transformation des acteurs de la formation est en marche, mais n'est pas encore arrivée à son rythme de croisière », précise l'enquête, soulignant la nécessité d'accélérer l'adaptation des entreprises à ces nouvelles exigences.

Priorité à l'engagement apprenant

Pour 2025, l'optimisation de l'engagement des apprenants est la priorité numéro un (37 %), suivie de près par l'utilisation de l'intelligence artificielle dans les processus de formation (26 %). Derrière les promesses de gains de productivité et d'efficacité accrue des déploiements de formations, « à quoi bon si l'expérience apprenant n'a pas été pensée en amont et si l'engagement des utilisateurs finaux n'est pas au cœur des préoccupations ? », s'interroge le baromètre.

Extension de l'internationalisation

Preuve d'une certaine maturité des acteurs, le recours à la production externe de contenus digitaux représente une part marginale (24 %), alors que l'internalisation se poursuit avec 76 % des contenus produits en interne cette année. Les collaborateurs non formateurs, notamment les experts métiers, jouent un rôle croissant dans la création de ressources pédagogiques. Facteur de démocratisation de la création de contenu au sein des organisations, « les outils deviennent très accessibles pour certains, l'utilisation de l'IA facilite aussi la production des ressources », relève l'enquête.

Facteurs d'engagement

Les facteurs d'engagement identifiés par les acteurs de la formation incluent en priorité la pertinence des contenus par rapport aux problématiques métier, l'existence d'un temps dédié à la formation et la reconnaissance académique des compétences acquises. C'est ce dernier item que l'on retrouve en tête des motivations des apprenants pour commencer une formation en ligne. À noter que si l'on s'intéresse aux facteurs de motivation qui protègent de l'abandon, c'est cette fois-ci la présence d'un tuteur qui se retrouve en tête. Au-delà du déclaratif, « le tutorat a un impact direct sur le taux de complétion », souligne l'enquête : 65 % des dispositifs tutorés atteignent un taux de complétion supérieur à 60 %, quand 58 % des dispositifs non tutorés affichent un taux inférieur à 10 %.

Difficile reconnaissance

Enfin, l'enquête ISTF conclut avec une donnée intéressante relative à la mesure du niveau d'acceptation du digital learning dans les projets de formation. Le rejet total est globalement très faible, tant chez les apprenants (1 %) que chez les prescripteurs (2 %) et les financeurs (6 %). Reste que pour ces derniers, une analyse fine témoigne d'un niveau d'acceptation encore très hétérogène : l'enquête souligne que si l'acceptation sans réserve du digital learning progresse de cinq points chez les financeurs, pour s'établir à 46 %, l'acceptation moyenne reste majoritaire (48 %).

Alors que les politiques publiques envisagent un durcissement des règles de financement des formations en apprentissage à distance, à contre-courant de la définition légale de l'action de formation inscrite dans la loi Avenir professionnel de 2018, se confirme ici que la lutte initiée par le Fffod à l'orée des années 2000 n'a toujours pas trouvé son épilogue (notre article). La persistance du débat, plus de 20 ans après la première reconnaissance apportée par la circulaire DGEFP n°2001/22 du 20 juillet 2001 relative aux formations ouvertes et/ou à distance, témoigne de la difficulté à tracer un signe d'égalité entre les différentes modalités de formation.

Pour aller plus loin :

  • L'enquête ISTF sur les chiffres du digital learning, 11e édition, 21 p., 2025