Le gouvernement dissout la Grande École du Numérique

« Le groupement d'intérêt public dénommé "Grande École du numérique" est dissous. » Difficile de faire plus concis que cet article 1 de l'arrêté du 8 janvier 2025 publié au Journal officiel du 14 janvier. Interrogée en amont de l'assemblée générale du groupement organisée mercredi 15 janvier, Samia Ghozlane, directrice de la Grande école du numérique depuis 2016, ne cache pas avoir été « prise de court » par la publication soudaine de cet arrêté. Si le calendrier surprend, ce « clap de fin », selon l'expression du communiqué de presse diffusé par la Grande école du numérique, n'est pas non plus tout à fait une surprise dans la mesure où la décision avait été prise lors d'une réunion interministérielle organisée fin novembre 2024. Alors que la publication de l'arrêté n'a pas été accompagnée d'explications, Samia Ghozlane évoque un possible éloignement des acteurs privés de la gouvernance, dû au caractère public de l'opérateur et à la gestion de fonds publics.

Fin du label

S'agissant des conséquences sur le label GEN, Samia Ghozlane précise que les formations ayant débuté avant la date de l'arrêté restent labellisées mais qu'aucune nouvelle formation ne pourra obtenir le label. Elle l'assure aussi, les apprenants des formations en cours éligibles aux aides subsidiaires pourront continuer de les percevoir jusqu'à la fin de leur formation. Et après ? La directrice du GIP le regrette, la fin du label GEN devrait affecter l'accès à des formations numériques de qualité pour les publics ciblés (demandeurs d'emploi, femmes, résidents des quartiers politique de la ville, …). Elle le souligne, le dispositif offrait un accompagnement social et professionnel qui s'étendait du recrutement à l'insertion. Et d'insister : « GEN était un label inclusif qui offrait des opportunités de formation de qualité à un public qui n'était pas forcément prédestiné au numérique. »

Liquidation

Le processus de liquidation devrait s'étendre sur environ six mois selon des modalités qui seront précisées lors de l'assemblée générale. Selon une procédure classique, des actions de reclassement ou d'accompagnement vers de nouvelles opportunités devraient être proposées aux agents du GIP. Des discussions sont également en cours pour assurer la reprise des Moocs et de certains projets, dont beaucoup ont une dimension européenne. Ainsi par exemple de GenScan, à la fois cartographie des métiers, moteur de recherche de l'offre de formation numérique et observatoire.

Avec la formation de milliers de personnes aux métiers du numérique, la création d'un écosystème de formation inclusif et le développement de nombreux outils, il y a pour Samia Ghozlane un héritage significatif à honorer. Stéphane Distinguin, préfigurateur et président du GIP, le rappelle dans le communiqué : « nous avions imaginé la mission de la Grande École du Numérique comme temporaire, elle aura duré 10 ans. »

Reste à imaginer la suite pour continuer de relever les défis qui subsistent. La Grande école du numérique mentionne : réduire les inégalités territoriales, assurer la pérennité financière de dispositifs souvent dépendants des subventions publiques, renforcer l'insertion des apprenants, créer des corpus et des référentiels de formation valables et un vivier de formateurs confirmés, favoriser les échanges et l'entraide entre les diplômés et avec les entreprises.