À l’occasion du salon “Talents for the planet”, organisé à Paris le 19 mars 2025, le Medef a fait dix propositions pour former à la transition écologique.
Le Medef formule 10 propositions pour former à la transition écologique
Dialogue social et coordination des acteurs publics et privés, recentrage des missions des opérateurs de compétences, simplification des certifications... Le Medef fait 10 propositions pour former à la transition écologique, mais évoque peu leur financement.
Par Laurent Gérard - Le 24 mars 2025.
Réduire de 40 % les gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990 et aboutir à une neutralité carbone d'ici 2050, (selon les objectifs de la stratégie nationale bas carbone), nécessitera de former plus de 2,8 millions de personnes d'ici 2030, d'après le secrétariat général à la planification écologique. Pour y parvenir, le Medef met sur la table « 10 propositions pour former à la transition écologique », qu'il qualifie de « message ambitieux et systémique ». Ces propositions ont fait l'objet de commentaires de spécialistes lors du salon « Talents for the planet » à Paris le 19 mars 2025.
Vaste programme
Schématiquement, les propositions portent sur trois grandes domaines.
Premièrement, « placer le monde économique au cœur des enjeux emplois-compétences de la transition écologique », passe selon Louis Hart de Keating, directeur de mission, au pôle compétences, formation, jeunesse du Medef, par un renforcement du dialogue social sur l'emploi et les compétences lié à la transition, une traduction des enjeux dans tous les référentiels de certification, la simplification de l'inscription des certifications aux répertoires nationaux et « la coloration locale des diplômes ». Ceci doit se manifester par « un vaste programme de formation des formateurs et enseignants », et une « intégration systématique » des productions des observatoires de branche et leur coordination afin de les rendre « plus visibles, efficients et opérationnels ».
Chaînage formation initiale/formation continue
Thomas Clochon, délégué général adjoint de Syntec-Ingénierie, dit partager pleinement ces objectifs, et ajoute que les indicateurs de réussite seront « le chaînage formation initiale/formation continue sur la transition », et « une appropriation culturelle partagée » reposant sur « une union des spécialistes de l'ingénierie, de la production, du financement et de la formation », car il faut « diffuser et massifier ».
Accompagner les entreprises
Deuxième grande domaine d'action : accompagner les entreprises dans leur analyse de besoins, ce qui passe par l'inscription de la transition écologique au cœur des Engagements développement de l'emploi et compétences en lien avec l'Appel à manifestation d'intérêt Compétences et Métiers d'Avenir, et l'orientation des Pactes régionaux d'investissement dans les compétences vers les besoins de la transition écologique. Mais aussi par le recentrage des missions des opérateurs de compétences vers la définition des besoins en compétences des TPE-PME, et un recentrage de la prestation de conseil en ressources humaines sur cette question. Tout ceci doit se traduire par une offre de formation certifiante, initiale et continue adhoc, locale et pertinente.
Trop peu de sensibilisation
Damien Amichaud, chef de projet formation continue de la transition écologique chez The Shift Project, valide d'autant plus ces propositions, qu'il constate que « seules 30 % des entreprises identifient de nouvelles compétences liées au climat, et que seules un tiers d'entre elles ont fait au moins une action de sensibilisation, hélas le plus souvent seulement auprès des cadres et rarement auprès de tout le personnel ». C'est insuffisant, conclut-il, « cela manque de mobilisation collective et de systématisme ».
Un avis partagé par Claire Khecha, déléguée générale des acteurs de la compétence. « Autant que le BTP, la santé et le commerce doivent intégrer cette transition. Or, verdir les emplois ne suffit pas, il faut former tous les comptables, formateurs, commerciaux... ». Ce qui implique, selon elle, de « systématiser la transition écologique dans toutes les certifications ».
Mobiliser les citoyens
Enfin, troisième grand domaine : mobiliser les citoyens en facilitant leurs reconversions professionnelles. Ce qui passera par un renforcement du sourcing et de l'intégration des publics en désir de reconversion liée à la transition écologique, et qui sera facilité par une « unification des dispositifs » de mobilités professionnelles (projet de transition professionnelle, démission-reconversion, Pro-A, transitions collectives), un renforcement de l'accompagnement individuel des salariés impactés, et l'encouragement de l'usage du compte personnel de formation (CPF) vers les formations en lien, « par exemple via une exonération du ticket modérateur », avance le Medef.
Eviter la casse sociale
Antoine Durand, responsable transition écologique et emplois du Réseau Action Climat France, soutient ces propositions, affirmant que « dans le seul secteur du BTP plus de 200000 emplois sont à créer sur la rénovation énergétique », et de citer en exemple l'expérience à Lille de réunion de toutes les parties prenantes du BTP pour définir « une prospective locale et rendre le marché visible », et une opération à Flers (Orne) de « rebond industriel automobile » débouchant sur « un diagnostic, des outils et des services partagés ». Là encore, soutient-il, il faut « massifier ». Mais il alerte sur le fait qu'une décarbonation réussie passera aussi par « la réduction de la peur de casse sociale : il faut éviter un épisode gilets jaune bis ».