Table ronde Ajis le 5 février 2025 consacrée aux 20 ans de la loi Handicap de 2005.
Le profil du travailleur handicapé, toujours « peu qualifié »
Quels ont été les apports de la loi de 2005 en matière d'emploi des personnes handicapées ? Si le taux d'emploi légal n'est toujours pas atteint, il y a eu néanmoins des avancées : apprentissage, CDD tremplins, emploi et formation accompagnés. Les acteurs associatifs étaient invités par l'Ajis (Association des journalistes de l'information sociale) le 5 février pour en témoigner.
Par Mariette Kammerer - Le 07 février 2025.
Si l'emploi n'était pas un objectif central de la loi de 2005 sur le handicap, celle-ci a néanmoins acté le « principe de non-discrimination », l'obligation pour les employeurs « d'adapter les postes de travail », a transformé les ateliers protégés en entreprises adaptées, et comporte un « principe d'accessibilité universelle » qui inclut le lieu de travail, même si le décret portant sur l'accessibilité du lieu de travail n'est jamais paru, rappellent les associations Collectif Handicaps, Unapei et APF France Handicap.
Niveau de qualification
Les progrès importants réalisés depuis 2005 en matière de scolarisation des enfants handicapés, auraient dû avoir un effet sur le niveau d'instruction à l'âge adulte, et par ricochet un effet sur leur insertion dans l'emploi. « Mais 20 ans plus tard, ça ne saute pas aux yeux, souligne Patrick Maincent, vice-président de l'Unapei, puisque le taux d'emploi des travailleurs handicapés est de 3,6%, soit en-deçà de l'obligation légale de 6% ». « Le profil du travailleur handicapé reste celui d'une personne peu qualifiée, d'un niveau infra-Bac, occupant des métiers pénibles », estime Carole Saleres, conseillère nationale emploi, travail, formation et ressources à APF France handicap, sans donner de données précises.
Apprentissage
« Il y a eu un effort important et des moyens conséquents depuis la loi de 2018 pour développer l'apprentissage, et le nombre d'apprentis en situation de handicap a fortement augmenté », admet-elle. Leur nombre a en effet augmenté de 21% entre 2021 et 2022, néanmoins, ils ne représentaient encore que 2% des contrats débutés en 2023, selon les chiffres du gouvernement. « La réussite dépend beaucoup de l'étayage qui est mis en place. Il faut des adaptations pédagogiques et organisationnelles, et on voit que c'est très compliqué dans les faits », note Carole Saleres.
Formation et reconversions
« Des moyens ont été mis, avec les CDD tremplins en entreprise adaptée, pour accompagner des reconversions suite à un handicap. Ils permettent de travailler un projet professionnel et de se former pour accéder à un nouveau métier en tension », poursuit la conseillère d'APF France Handicap. Le dispositif de « formation accompagnée » se développe également, permettant aux personnes orientées en ESRP (centre d'orientation et de réadaptation professionnelle) suite à un handicap, de suivre une formation en milieu ordinaire avec un accompagnement.
Enfin, en milieu protégé, le plan ESAT comporte aussi un volet formation important.
Rapprochements entre secteur de l'insertion et du handicap
Un rapprochement entre les deux secteurs s'est opéré via l'association Territoires zéro chômeurs de longue durée (TZCLD), qui propose des CDI à temps choisi sur des activités non concurrentielles et « qui peut être un débouché pour des travailleurs handicapés, indique Carole Saleres. Il peut y avoir aussi des parcours d'une structure d'insertion vers une entreprise adaptée, ou vers l'emploi accompagné ». Le dispositif d'emploi accompagné, « qui monte en puissance et concerne désormais 10 000 salariés », permet depuis 2016 d'accompagner de manière pérenne le salarié handicapé en milieu ordinaire.