19e UHFP – 19e UHFP, jeudi 23 janvier 2025 – « La certification professionnelle au crible des enjeux environnementaux »

Les certifications, un accélérateur d'acquisition des compétences liées à la transition écologique ?

Aux côtés des formations, les certifications, et même les micro-certifications, permettraient de doter rapidement les salariés et agents publics des compétences nécessaires à la mise en œuvre de la transition écologique, quels que soient leurs métiers. Non sans toutefois remplir un certain nombre de conditions, pointées au cours d'un débat organisé à l'Université d'hiver de la formation professionnelle, jeudi 23 janvier.

Par - Le 27 janvier 2025.

Accompagner les évolutions, sans « suranticiper », pour réellement permettre aux salariés de disposer des compétences attendues par les employeurs, dans l'immédiat. Voilà le but que doivent se fixer les certifications, selon Mikael Charbit, conseiller apprentissage, certification et qualité de la formation auprès du ministère du Travail et de l'Emploi. C'est ce qu'il a affirmé, en ouverture d'une table ronde organisée dans le cadre de l'Université d'hiver de la formation professionnelle, le 23 janvier.

À l'heure où trois décrets d'application relatifs aux certifications et découlant de la loi de 2018 sont en préparation, la question posée était de savoir comment ces certifications pouvaient prendre en compte les enjeux environnementaux.

L'insertion permise par les certifications, une clé de leur valeur réelle

Pour y parvenir, selon Goulven Droumaguet, directeur de la certification professionnelle à France compétences, la première démarche consiste à étudier l'opportunité d'une certification. Vient ensuite la question du contenu de son référentiel. Et, dernier élément capital à ses yeux, l'observation de ses données d'insertion. Ce d'autant que, a-t-il ajouté, les métiers de la transition écologique peuvent compter parmi les métiers d'accès à l'emploi, tant ils sont dynamiques pour les personnes dotées d'un diplôme de niveau 3 et 4. Au-delà, a-t-il estimé, « la transition écologique doit animer l'ensemble de la démarche de certification, et des travaux d'instruction ».

Ce qu'a confirmé Anne-Valérie Aubouin, directrice de la prospective à l'Agence pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), en relevant que la transition écologique touchait toutes les filières et tous les métiers. « Cela impose une contextualisation des compétences, puisque tous les emplois ne sont pas concernés de la même manière. » Elle considère que cette transition peut, en outre, représenter un levier d'attractivité.

Les micro-certifications, une fausse bonne idée ?

Mais les certifications ne répondront pas, à elles seules, à ces nombreux et nouveaux besoins en compétences. Dès lors, se pose la question du rôle possible des micro-certifications, fortement promues par l'Union européenne. Un vif débat s'est fait jour à leur sujet.

Du côté des avantages, elles pourraient répondre plus rapidement aux besoins en compétences et aux mutations économiques, puisque les délais de mise en œuvre sont moindres que ne le sont les procédures d'enregistrement des certifications au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) ou au RS (Répertoire spécifique). Elles seraient aussi plus flexibles, plus agiles, autorisant des parcours davantage individualisés. Voilà pour les arguments de leurs défenseurs, rappelés par Vincent Donne, chef de projet formation professionnelle et politique de l'emploi à France Stratégie.

Mais elles ne sont pas sans risques. D'abord, relativement à leur évaluation, bien moins pointue que ne l'est celle des certifications. Mais se pose aussi la question de savoir si elles répondent à un réel besoin. En somme, la question de la valeur des micro-certifications apparaît souvent sujette à caution et il n'est pas question de créer un troisième répertoire pour les rassembler aux côtés du RNCP et du RS, a averti Mikael Charbit. « Le risque le plus grave serait la dévalorisation des certifications dans leur ensemble aux yeux des employeurs », a alerté Vincent Donne. En particulier dans un pays encore très attaché aux diplômes.

Un rôle à jouer pour les formations non certifiantes

Ce qui a conduit les intervenants à s'accorder sur l'idée que les certifications ne feront pas tout à elles seules en matière de transition écologique, et que les formations demeurent capitales.

Y compris celles réalisées à distance, a valorisé Jean-Christophe Chamayou, président d'Ainoa, le forum de la formation à distance, invitant même à « innover en matière d'évaluation des formations à distance ». Une manière, aussi, de conduire les organismes de formation à réduire leur impact environnemental, en évitant des déplacements de candidats et évaluateurs. Autrement dit de mettre en pratique la transition écologique qu'ils sont supposés enseigner…