Les pénuries professionnelles risquent de « freiner la compétitivité » de l'Union européenne (Cedefop)
Le Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop) analyse les causes des pénuries de main d'oeuvre observées dans l'Union européenne et détaille les risques associés à ce phénomène à l'horizon 2035. Des nuances apparaissent selon les métiers et les pays.
Par Sarah Nafti - Le 25 février 2025.
Les pénuries de main d'œuvre vont concerner « tout le spectre des compétences » d'ici à 2035, et ce, quel que soit le niveau de l'emploi occupé selon « l'indice des pénuries de main d'œuvre et de compétences » du Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop), publié en janvier. Cet indice a pour objectif de « mesurer les pénuries professionnelles » afin d'éclairer « les besoins en main d'œuvre et en formation dans l'UE ».
Trois causes principales
Le Cedefop a identifié trois causes principales dans les futures pénuries de main d'œuvre : « la demande, l'offre, et le déséquilibre entre l'offre et la demande ». La demande concerne « les professions à forte croissance » qui risquent d'être confrontées à des délais d'adaptation de l'offre de qualifications. L'offre correspond « aux besoins d'emploi générés par les départs des travailleurs » - retraite, reconversion, problèmes de santé… Enfin les déséquilibres se produisent « lorsqu'il y a une inadéquation entre l'offre et la demande de qualifications spécifiques pour certaines professions ».
Frein à la compétitivité
En analysant les pénuries professionnelles à l'horizon 2035, le Cedefop a constaté que « les pénuries futures » pouvaient « freiner la compétitivité de l'Union européenne ». La Commission européenne a d'ailleurs présenté en mars 2024 un plan d'action pour remédier aux pénuries de main-d'œuvre et de compétences, qui accorde une priorité accrue à l'amélioration des connaissances sur les compétences.
Le Cedefop a classé les risques de pénuries en fonction des trois facteurs clé : croissance de l'emploi, besoins de remplacement et déséquilibre. Dans ce cadre, certains profils sont particulièrement touchés, comme les travailleurs dans les services et le commerce, les opérateurs d'équipements industriels ou encore, les législateurs, hauts fonctionnaires et cadres.
Toutes les compétences concernées
Les pénuries devraient toucher tout le spectre de compétences mais le Cedefop identifie différentes causes : par exemple, pour les travailleurs des services, les trois facteurs joueront un rôle, tandis que pour les professions peu qualifiées, « les pénuries seront davantage liées au remplacement des travailleurs existants ».
Parmi les professions qualifiées, celles qui connaîtront le plus de pénuries se trouvent dans « les métiers du droit, du social et de la culture » et « les professions médicales » (forte demande, besoins élevés en remplacement). Dans les professions manuelles qualifiées, les pénuries seront marquées dans le secteur du bâtiment, et les assembleurs et conducteurs d'engins mobiles.
Des différences locales
Enfin le Cedefop identifie des différences selon la situation économique et sociale de chaque État membre : en Tchéquie, en Italie, en Pologne et en Slovaquie, les pénuries devraient toucher uniquement « les professions hautement qualifiées ». En Bulgarie et en Irlande, elles concerneront les professions peu qualifiées. Dans d'autres pays, comme la Grèce, l'Espagne et les Pays-Bas, elles concerneront toutes les catégories.
La note du Cedefop sur les pénuries de main d'oeuvre et de compétences