Yann-Firmin Herriou, fondateur et associé chez Perspectives & Rebonds.
Quel avenir pour la VAE ?
Première victime du désordre des politiques publiques, le service France VAE n'est plus financé. Ce coup de frein brutal laisse à nouveau ce dispositif sans perspective claire. A l'initiative de la fédération professionnelle de la VAE, une pétition a été remise à la ministre du Travail lors de son passage à l'UHFP le 22 janvier dernier.
Par Catherine Trocquemé - Le 03 février 2025.
Ces dernières années, la Validation des acquis de l'expérience (VAE) souffre d'une feuille de route confuse. Plébiscité mais oublié en 2018, le dispositif retrouve un élan en 2022. Une grande réforme en fait un nouveau service public, un outil de mobilité professionnelle avec la VAE inversée et se fixe pour ambition 100 000 parcours par an d'ici 2027. Trois ans plus tard, le soufflet est retombé. La gouvernance de France VAE ne sera jamais mise en place. Après un lancement enthousiaste, l'expérimentation se poursuit de manière plus erratique. A l'été 2024, la dynamique s'inverse clairement, menaçant les acquis. Suspendues pendant quelques semaines, les candidatures reprennent sur un portefeuille des certifications professionnelles éligibles réduit à 24 titres sur les métiers en tension du soin. Fin octobre, les dés sont jetés. Les architectes accompagnateurs de parcours (AAP) nés avec la réforme de la VAE ont été informés que le financement relèverait désormais du droit commun. Les caisses de l'Etat sont vides.
Une communication brouillonne
Pour les professionnels, c'est la douche froide. D'autant plus que la communication induit en erreur. Les candidats ayant soumis leur dossier avant le 28 octobre devaient continuer à bénéficier de la prise en charge du service public. Début décembre, nouveau message de France VAE excluant les notifications de recevabilités postérieures au 18 novembre. « Nous estimons à plusieurs milliers les candidats laissés ainsi sans solution », déclare Yann-Firmin Herriou, co-fondateur et associé du cabinet Perspectives & Rebonds. Le jour de l'ouverture de l'UHFP à Cannes le 22 janvier, le consultant engagé dans la promotion de la VAE depuis plus de 20 ans, remet en mains propres à la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet une pétition lancée par la fédération professionnelle (FNP VAE) et soutenue par plus de 300 signataires.
Quelles pistes pour sauver France VAE ?
Interpelée, la ministre confirme sa volonté de soutenir la VAE. Pour Yann-Firmin Herriou et la FNP VAE, des avancées réalisées par le projet France VAE doivent être capitalisées. « La plateforme, guichet unique d'initialisation des parcours VAE, est un bon outil qu'il faudrait sanctuariser ». Si le financement des parcours par l'Etat ne semble plus une option, le CPF pourrait en constituer le pivot. La co-construction et la logique d'abondement doivent, là aussi, être favorisées. La question de la gouvernance mérite d'être reposée et revisitée en y intégrant les professionnels de l'accompagnement, les entreprises, les branches professionnelles et les potentiels co-financeurs. Des échanges récents avec le ministère ouvrent des pistes de travail auxquels seraient associés les AAP.