Philippe Degonzague, président de l’opérateur de compétences Atlas
Atlas se donne de nouvelles priorités et se mobilise pour la reprise post-Covid-19
L'opérateur de compétences des services financiers et du conseil finalise son plan de relance. Sa feuille de route met l'accent sur l'innovation de l'offre de formation, l'accompagnement des plus petites entreprises et le soutien à l'apprentissage sur fond de tension budgétaire. Décryptage avec Philippe Degonzague, président d'Atlas.
Par Catherine Trocquemé - Le 24 juin 2020.
La crise économique majeure née de la Covid-19 survient alors que les opérateurs de compétences (Opco) achevaient à peine leur restructuration et l'élaboration de leur nouvelle offre de service. Atlas dresse un premier bilan de la période de confinement. L'Opco des services financiers et du conseil a pu assurer la continuité de ses services grâce à une digitalisation avancée de ses process. Autre action menée dans l'urgence, le déploiement du dispositif du Fonds national emploi-Formation, largement plébiscité. Au 16 juin, près de 9 000 dossiers avaient ainsi été déposés et 5 800 accordés. Mais Atlas devait également voir plus loin et préparer la reprise post-Covid-19. Une enquête flash a ainsi été lancée du 16 au 23 avril dernier. Une façon de sonder le terrain face à une reprise qui s'annonce très progressive. Au total, 79% des entreprises adhérentes de l'opérateur de compétences ont déclaré une activité perturbée ou arrêtée au 23 avril dernier. La situation au sein de la filière se révèle contrastée. « Les secteurs de la banque et de l'assurance se maintiennent mais les bureaux d'études positionnés dans l'aéronautique ou l'automobile souffrent davantage. Par ailleurs, on peut craindre des faillites parmi les plus petites entreprises », explique Philippe Degonzague. Le président d'Atlas se montre particulièrement inquiet pour les entreprises de taille intermédiaire dont les possibilités de mobiliser les fonds mutualisés ont été réduites par la dernière réforme. Autre point de vigilance, la dynamique de l'apprentissage dont on attendait beaucoup en 2020.
Promouvoir l'innovation pédagogique
« Les entreprises risquent d'être concentrées sur la continuité de leur activité. Les aides aux employeurs annoncées par le gouvernement vont dans le bon sens. Nous regrettons toutefois qu'elles ne s'appliquent pas aux diplômes à bac +5 de l'enseignement supérieur », souligne Philippe Degonzague. Parmi les priorités de sa stratégie de reprise, Atlas a retenu l'amélioration de l'efficacité et de l'accessibilité de l'offre de formation. Un groupe de travail devrait se mettre en place avec les CFA et les autres prestataires de formation pour favoriser le déploiement de nouvelles approches multimodales et agiles, avec un accent fort mis sur la digitalisation des parcours en alternance. Pour construire une offre adaptée et réactive, encore faut-il pouvoir s'appuyer sur l'observation et la prospective des compétences et des métiers réalisées par les branches professionnelles. C'est un autre axe du plan de relance d'Atlas. « Nous avons construit une synthèse nationale des travaux des observatoires, défini des plans d'actions et nous allons préparer des outils aux représentants régionaux. Il est en effet important de pouvoir suivre leur déploiement, en mesurer l'impact dans une logique d'amélioration continue », précise Philippe Degonzague.
Renforcer et prioriser l'accompagnement
Le contexte impose d'intensifier encore ce travail. Atlas s'engage ainsi à publier une note de conjoncture semestrielle sur les métiers et les compétences en tension tout au long de l'année 2021. Une approche inter-branches devra également favoriser le développement de passerelles entre les secteurs d'une même filière afin de soutenir les reconversions professionnelles. Autre sujet rendu critique par la crise, l'accompagnement des entreprises les plus fragiles. « Un diagnostic des compétences sera financé à 100% pour les moins de 50 salariés », confirme Philippe Degonzague. L'effort de simplification administrative doit se poursuivre et une plateforme devrait être mise en place afin de rendre plus accessibles les ressources développées par l'Opco. Les chantiers sont nombreux. En pleine transformation, le nouvel écosystème va être sous pression. Or, la situation financière des Opco suscite des inquiétudes. La masse salariale risque de diminuer et, avec elle, leurs frais de fonctionnement. Philippe Degonzague milite plus que jamais pour une coopération plus étroite entre Opco, le partage de bonnes pratiques ou encore de locaux en régions.