Les compétences digitales, vecteurs de transformation globale du travail

Quelles leçons tirent-ils de leurs initiatives à destination du secteur éducatif, du monde économique et plus largement des citoyens, avec le soutien de fonds européens ?

Approche centrée sur les besoins en compétences techniques

Leurs réflexions invitent à se départir d'une approche centrée sur les seuls besoins en compétences techniques, pour une approche plus globale.

Premier constat partagé : la rapidité des changements, avec un tempo rythmé par des innovations technologiques en constante accélération.

Aiga Imerja, directrice en Lettonie d'un « Hub innovation », relève que les besoins en compétences liées à l'intelligence artificielle (IA) devraient rapidement s'élargir. Les IA génératives à peine installées dans le paysage, dès demain les outils d'intelligence décisionnelle appelleront de nouvelles compétences.

La slovène Veronika Hubeňáková, en charge d'accompagner la transformation numérique des écoles, préconise de ralentir. Selon elle, un modèle d'accélération permanente n'est pas pérenne à terme. Alors que le marché des EdTech fait pression sur le corps enseignant, et que l'on n'est pas toujours sûrs que les technologies aident les élèves à mieux apprendre, « on ne peut pas passer son temps à expérimenter et évaluer durant toute une génération », affirme-t-elle.

Approches holistiques

Iñigo Araiztegui, directeur innovation du centre de formation professionnelle et d'excellence Tknika, au pays basque, plaide pour dépasser la seule demande de compétences telle que formulée par les employeurs.

Le contexte mouvant renforce d'après lui une tendance à l'inflation des compétences recherchées par les entreprises, faute de savoir précisément définir leurs besoins. Une analyse des tensions du marché de l'emploi montre aussi que dans certains secteurs, ce qui est présenté comme un problème de déficit de compétences relève surtout d'un problème de qualité des emplois.

La transformation digitale du travail nécessite de nouvelles compétences techniques, mais aussi managériales et organisationnelles, celles-ci concernant la hiérarchie intermédiaire et les directions d'entreprises.

Modulariser les réponses formation

Pour l'enseignement supérieur en Irlande, John McGeown parie sur le développement d'une offre de formation adossée à des « micro-certificats ».

Ceux-ci lui apparaissent comme offrant souplesse et réactivité, dans un contexte de pénurie de compétences, afin de développer des formations modulaires complémentaires à l'enseignement supérieur initial, tout en créant de la confiance entre les parties prenantes.

En France, Benjamin Marteau, le directeur de la plateforme Pix ^{[ 1 ]}Service public en ligne pour évaluer, développer et certifier ses compétences numériques tout au long de la vie, témoigne de la construction de réponses formations en partant des besoins particuliers de compétences digitales de différents publics.

Ainsi, un cursus propre à la formation de policiers a été construit, à partir d'une sélection des compétences digitales liées à leur métier ; autre exemple : l'ajout de modules spécifiques à la plateforme Pix pour cibler les parents.

Pour aller plus loin

Lire aussi notre précédent article sur le Forum européen pour les droits sociaux.

Page de présentation de l'événement et ressources complémentaires sur le site du Forum européen des droits sociaux 2023.