La transformation du marché des certifications professionnelles est engagée (Webinaire Centre Inffo)
Sur un marché des certifications professionnelles en transformation, les prestataires de formation sont de plus en plus nombreux à s'interroger sur la pertinence de nouer des partenariats avec les certificateurs. Décryptage avec Mikaël Charbit, directeur des certifications professionnelles au sein de France compétences lors d'un webinaire organisé par Centre Inffo le 23 juin.
Par Catherine Trocquemé - Le 26 juin 2020.
Lancée dès le 1er janvier 2019 par France compétences, la refonte du système des certifications professionnelles s'est jusqu'alors concentrée sur le déploiement de la doctrine et des nouvelles règles d'enregistrement aux deux répertoires nationaux. Les exigences renforcées en matière d'ingénierie et de démonstration de la valeur d'usage mobilisent davantage de ressources et transforment les pratiques des certificateurs. Dans le même temps, la réforme conditionne l'accès à la plupart des dispositifs financés par les fonds mutualisés et publics à une offre certifiante. C'est le cas notamment du compte personnel de formation (CPF). Ces deux mouvements créent une tension sur les demandes d'enregistrement des certifications. Dans ce contexte, les prestataires de formation s'interrogent de plus en plus sur l'opportunité de nouer des partenariats avec les certificateurs et d'intégrer leur réseau. Mais alors, de nombreuses questions se posent : comment les identifier ? quelles sont les conditions financières et le cadre de ces partenariats ? Quelles sont les obligations des parties prenantes ?
Vers une logique de réseau
Le marché des certifications professionnelles dominé par une logique patrimoniale est en voie de structuration. Pour accompagner cette évolution, France compétences a publié fin février 2020 une note relative à la qualité d'organisme certificateur (voir article). Y sont notamment précisées ses responsabilités vis-à-vis de ses partenaires. Pour mieux saisir les principes de régulation et les enjeux de la stratégie de certification professionnelle, Centre Inffo organisait un webinar le 23 juin dernier avec Mikaël Charbit, directeur de la certification professionnelle au sein de France compétences. Au moment de la reprise post-Covid-19 dans laquelle la formation jouera un rôle déterminant, le sujet intéresse. La séquence a enregistré plus de 1700 inscrits. En préambule, Valérie Hellouin, consultante senior en ingénierie et politiques de formation à Centre Inffo, rappelle les enjeux des partenariats entre certificateurs et prestataires de formation : « Pour les certificateurs, il s'agit de pouvoir déployer leur offre dans les territoires ; pour les organismes de formation, d'accéder au CPF et, pour le marché dans son ensemble, d'éviter la prolifération de certifications visant les mêmes compétences ».
Lisibilité et transparence
La tendance est donc à la construction de réseaux (voir article). « C'est un des éléments de la transformation du système. Les processus d'habilitation n'obéissent pas à des règles absolues mais sont fixées par des conventions bilatérales », confirme Mikaël Charbit. Le directeur de la certification au sein de France compétences ajoute toutefois que l'instance de régulation « a clarifié les responsabilités des certificateurs et se montrera attentive à la qualité du fonctionnement du réseau, notamment aux modalités de contrôle qu'ils ont mis en place ». Le cadre général a ainsi été détaillé dans la note publiée en février dernier. Face aux nombreuses interrogations des organismes de formation, difficile donc de donner des repères précis sur le montant des redevances même si, sur ce sujet, France compétences « reste un évaluateur et un observateur du système dans son ensemble ». Un autre levier de régulation pourrait bien structurer le marché : la transparence des informations sur les réseaux des certificateurs et leur partage avec les différents financeurs. Déjà amorcée, cette politique se poursuit. Depuis mi-juin, France compétences a ainsi ouvert l'accès en « open data » des données de 20 000 fiches enregistrées au deux répertoires nationaux, disponibles sur www.data.gouv.fr « Nous sommes conscients que la transformation est ambitieuse et exige de la pédagogie. Nous voulons rester pragmatique », déclare en conclusion Mikaël Charbit.