Les critères du Fonds national emploi-formation resserrés début 2021 (Elisabeth Borne)
La ministre du Travail est convaincue que des mesures prises pendant la crise pour protéger les salariés peuvent se traduire en « des changements plus profonds pour adresser les dysfonctionnements du marché du travail ». Lors d'un grand rendez-vous Ajis (Association des journalistes de l'information sociale) le 14 décembre, Élisabeth Borne a plaidé pour que le dispositif Transitions collectives, co-construit avec les partenaires sociaux, « passe le plus vite possible à une phase de mise en œuvre sur des territoires pilotes ».
Par Christelle Destombes - Le 16 décembre 2020.
Même si elle reconnaît qu'objectivement « changer de site ou de secteur ne soit pas complètement naturel » pour les salariés, elle imagine un dispositif « simple », où les Opco (opérateurs de compétences) conseilleraient les entreprises et les AT Pro (association Transitions professionnelles) accompagneraient les salariés dans leur reconversion professionnelle. Il est important, a-t-elle ajouté, que tous, organisations syndicales notamment, « mouillent la chemise pour convaincre les salariés que ça fait sens ».
Estimant qu'il fallait arrêter la théorie, Élisabeth Borne a indiqué que les expériences sur les plateformes territoriales soutenues par son ministère pouvaient servir de modèle et infléchir la méthode, le cas échéant. Certains territoires, Le Creusot, Pau, Tarbes et Lacq, sont « spontanément candidats » dans cette démarche. Rappelons qu'un appel à manifestations d'intérêt a été lancé fin novembre par le ministère.
Resserrer les critères du FNE
Alors que 320 000 salariés ont été protégés par les accords liés à l'activité partielle de longue durée, la ministre a précisé qu'à partir de 2021, l'APLD se concentrerait sur les secteurs durablement impactés par la crise, tels l'hôtellerie et l'événementiel. Par ailleurs, elle s'est dit peu enthousiasmée par l'utilisation du FNE-formation, avec des formations trop « occupationnelles » selon elle. Elle a indiqué que les critères pourraient être resserrés, en début d'année prochaine, afin que le dispositif soit mobilisé « pour progresser dans l'adaptation des compétences des salariés aux défis de demain ». Une convention devrait être signée avec l'Opco 2i et pourrait servir de modèle aux autres Opco, afin de mieux identifier les formations structurantes.
D'autre part, la négociation sur la mutualisation des fonds de formation pour les entreprises de 50 à 300 salariés devrait démarrer en février ou mars 2021.
Apprentissage : surveillance
Interrogée sur l'effet d'aubaine possible des aides au recrutement des apprentis, Élisabeth Borne a précisé qu'un bilan serait réalisé à l'horizon de la rentrée 2021. Le ministère regarde également de près la situation des apprentis sans contrat, dénoncée par la Fnadir, l'association des directeurs de CFA. Élisabeth Borne prévient que des contrôles seront effectués, notamment auprès des établissements du supérieur, qui se « sont pris d'amour pour l'apprentissage ». D'après la ministre, sur les quelque 30 000 apprentis sans contrat, 75% sont dans le supérieur, certaines écoles de commerce ayant 100% d'apprentis sans contrat… « Nous allons nous mobiliser pour accompagner les vrais apprentis des vrais CFA », a-t-elle ajouté, avec l'espoir que leur situation soit réglée en février prochain.
Elle a également précisé que le nouveau dispositif Promo 16-18ans, élaboré avec l'Afpa, pour permettre aux jeunes décrocheurs de découvrir un métier, se déploierait massivement en janvier. « L'esprit de cette formation est de découvrir ailleurs d'autres métiers, en espérant que les jeunes trouveront leur voix », a précisé la ministre.
Enfin, alors que l'agenda social reste chargé pour les prochains mois (réforme des retraites, de l'assurance-chômage, travailleurs détachés, travailleurs des plateformes et de « deuxième ligne »), une concertation sur les seniors est également annoncée, autour de la fin des carrières et de la prévention de l'usure professionnelle. Il s'agit d'éviter une discrimination envers les seniors, trop souvent concernés par les plans de sauvegarde de l'emploi qui les envoient en retraite anticipée.