Les diplômes et certifications s'adaptent à la transition écologique
En lien avec les politiques publiques, les ministères de l'Agriculture ou de l'Éducation nationale ont entrepris depuis plusieurs années d'adapter leurs diplômes aux enjeux de la transition écologique, comme l'a démontré le troisième volet du séminaire de France stratégie, consacré à l'adaptation de l'offre de formation, qui s'est tenu mercredi 4 novembre.
Par Christelle Destombes - Le 06 novembre 2020.
Joëlle Guyot, de la Direction générale de l'enseignement et de la recherche au ministère de l'Agriculture a rappelé que la loi d'avenir pour l'agriculture de 2014 posait un principe de triple performance – environnementale, économique et sociale — qui a imposé de revoir les 122 diplômes.
Développement durable
De 2014 à 2019, ceux du secteur de la production agricole ont été remaniés, et dans le cadre du prochain plan d'action Enseigner à produire autrement, d'autres filières y passeront : transformation alimentaire, agroéquipement, services en milieu rural, production aquacole et forêts. Une enquête sur les compétences attendues pour cette transition, réalisée par le cabinet Ambroise Bouteille, a montré l'importance des compétences psychosociales, la capacité de travailler en équipe, rendant « la dimension humaine aussi importante que l'expertise technique », selon Joëlle Guyot.
Même constat du côté de l'Éducation nationale qui avait réfléchi, dans le sillage du Grenelle de l'environnement, à une méthodologie pour « intégrer les problématiques du développement durable sans refondre l'ensemble des diplômes », précise Brigitte Trocmé, adjointe à la sous-directrice des lycées et de la formation professionnelle au ministère de l'Éducation nationale. Pour elle, au-delà des compétences techniques, la transition écologique nécessite de s'intéresser aux « manières de faire ensemble, impliquant une nécessaire évolution de la pédagogie ».
Casser les silos
À l'université de la Rochelle, cette évolution est en marche : Jean-Marc Ogier, président de l'Université, également président du comité transition écologique de la Conférence des présidents d'université, est convaincu que « toutes les problématiques sont liée et qu'il faut travailler à tous les étages » : le patrimoine immobilier, les mobilités, les formations, la R&D, la diffusion de la culture scientifique, etc.
Pour former des écocitoyens, l'Université transforme son offre de formation et casse les silos disciplinaires : elle offre désormais des « majeures » et des « mineures », disciplinaires mais aussi liées à des métiers, débattues avec les branches. Ainsi, des mineures liées à la transition écologique sont en développement autour de la « croissance bleue » ou du « tourisme durable ». Par ailleurs, l'Université coordonne le projet « littoral urbain durable et intelligent » dans le cadre de l'Université européenne, de quoi travailler les enjeux de la transition écologique dans un contexte plus vaste. Un diplôme européen pourrait voir le jour, en lien avec cette problématique de l'aménagement du littoral.
Un chemin long, en coopération
En Centre-Val de Loire, c'est une même vision systémique qui a animé François Bonneau, président de la Région qui a entièrement verdi son programme régional de formation 2021-2024. Demandant aux organismes de formation de « partager l'ambition d'une transition écologique passant par formation », la Région a inscrit dans ses appels à proposition la dimension de la transition écologique. Une attention particulière a été portée sur des parcours de formation enrichis et écologiquement responsables, aptes à répondre aux besoins de compétences des entreprises sur les territoires pour une économie durable.
Le chemin est long, sans aucun doute, mais le président de Région évoque des partenariats entre les organismes de formation, qui seront accompagnés dans la mise en œuvre pour s'adapter aux publics et aux territoires. La Région a ainsi créé une dynamique de COP régionale, pour mobiliser les entreprises, les institutions et les citoyens dans cette démarche.
Empreinte carbone
Pour Antoine Amiel, directeur de LearnAssembly, et administrateur de la Fédération de la formation professionnelle, les organismes de formation ont une maturité variable sur ce sujet. Il a attiré l'attention sur une aporie contemporaine : les technologies numériques et en particulier la vidéo ont une énorme empreinte carbone, alors que le distanciel reprend des forces en cette nouvelle période de confinement ! La transition passera également par l'écoconception des formations, un sujet de plus à inscrire à l'ordre du jour du secteur… Pour les aider, une plateforme de ressources sur les questions emploi et formation sera mise en ligne en 2021 par l'Onemev.
Le 3e volet du séminaire de France stratégie était co-organisé avec le Céreq et l'Observatoire national des emplois et métiers de l'économie verte (Onemev)
Voir aussi le site de France stratégie.