« Un moment de vérité pour la formation continue » (Vincent Cohas, Cesi)
Cesi tire les enseignements de la période de confinement et se prépare aux enjeux d'une rentrée particulière. « C'est un moment de vérité pour la formation continue », affirme Vincent Cohas son directeur général. La digitalisation et l'implication directe de 5 branches professionnelles au sein de la gouvernance du spécialiste de l'enseignement supérieur devrait prendre tout son sens.
Par Catherine Trocquemé - Le 01 juillet 2020.
Après trois mois de digitalisation à marche forcée des parcours de formation, les réouvertures progressives des salles de cours et l'annonce du plan de soutien de l'apprentissage, le monde de la formation évalue ses forces pour affronter la reprise post-Covid-19. On voit déjà se profiler les premiers plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) dans l'automobile ou l'aéronautique et les chiffres du chômage montent en flèche. Après avoir annoncé un plan de soutien de l'apprentissage d'1 milliard d'euros, le gouvernement travaille, en concertation avec les partenaires sociaux, sur l'adaptation de la politique des compétences et sur l'aménagement de ses dispositifs. Dans ce contexte, les prestataires de formation seront attendus pour faire évoluer leur offre. Pendant le confinement, ils ont testé leur capacité à développer du distanciel. « Nous nous sommes encore aguerris à la pédagogie à distance durant cette période. Cette expérience nous a donné l'impulsion pour aller plus loin. Nous travaillons sur les modalités de la rentrée qui s'annoncent plus hybrides et sur l'évolution des cycles d'apprentissage en alternance », confirme Vincent Cohas, directeur général de Cesi. Le réseau de campus d'enseignement supérieur et de formation professionnelle avait déjà investi dans les ressources technologiques. Mais son atout, quand il a fallu passer au 100% digital, résidait ailleurs. Depuis quelques années, Cesi privilégie les pédagogies actives, des méthodes qui rendent le stagiaire acteur de son apprentissage à travers des mises en situation ou de la gestion de projets. Des méthodes particulièrement bien adaptées au distanciel.
Sauver l'apprentissage
Autre choix stratégique en phase avec les enjeux de la crise, la décision en mars dernier d'accueillir cinq fédérations professionnelles dans son conseil d'administration (voir article). Ce rapprochement avec les entreprises au cœur même de sa gouvernance accompagne les ambitions de Cesi, en matière d'alternance. Les partenariats resserrés avec les entreprises permettront d'adapter au mieux l'offre, de mutualiser le développement des certifications professionnelles ou encore de favoriser le sourcing et le recrutement d'alternants. Le plan de soutien d'1 milliard d'euros annoncé par le gouvernement ne couvre pas les parcours au-delà de la licence professionnelle. Selon Vincent Cohas, cette limite est préjudiciable aux jeunes pour qui l'apprentissage représente une voie d'accès aux études supérieures mais aussi aux entreprises. « Pour les plus petites d'entre elles, les compétences en ingénierie font partie des leviers stratégiques de compétitivité. Il est donc essentiel d'élargir l'accès aux aides uniques aux diplômes de l'enseignement supérieur. On pourrait également imaginer des passerelles entre le statut d'étudiant et celui d'apprenti en attendant que la reprise se confirme. »
Mobilité interprofessionnelle
Les défis à relever sont tout aussi importants en matière de formation des salariés. Sur ce terrain également, Cesi compte sur ses relations étroites avec les branches professionnelles pour cibler son offre, voire, à plus grande échelle, pour accompagner des plans de reconversion professionnelle ou des transferts de compétences d'un secteur à l'autre. « Les entreprises vont jouer un rôle déterminant et auront besoin d'être accompagnées. La formation est cruciale pour conduire les transformations nées de la révolution digitale et des mobilités interprofessionnelles. Pour cela il nous faut une approche stratégique sur l'évolution et les perspectives des différents secteurs », assure Vincent Cohas pour qui « cette crise n'est pas disruptive mais elle accélère les tendances émergentes. C'est un moment de vérité pour la formation continue. »