L'État alloue 1,4 milliard d'euros supplémentaires à la formation des salariés et des demandeurs d'emploi
Le « plan de réduction des tensions de recrutement » présenté par le Premier ministre, lundi 27 septembre, vise à former 1,4 million de demandeurs d'emploi et 350 000 salariés d'ici à fin 2022. Formations centrées sur les besoins en compétences, dispositif de reconversion simplifié, aide à l'embauche et accompagnement renforcé font partie des leviers actionnés dans ce plan d'actions qui mobilise 1,4 milliard d'euros.
Par Estelle Durand - Le 28 septembre 2021.
« Gâchis », c'est le terme utilisé par Jean Castex, le chef du gouvernement, lors de son déplacement à Châtellerault dans la Vienne, lundi 27 septembre, pour décrire la situation du marché du travail. Le taux de chômage s'améliore certes, mais, le nombre de demandeurs d'emploi de longue durée évolue à la hausse (+10% depuis le début de la crise sanitaire). Et dans de nombreux secteurs, les entreprises peinent à trouver des candidats. C'est à cette difficulté de recrutement qui « bride la reprise » que le gouvernement veut s'attaquer en lançant, comme annoncé il y a quelques semaines, un nouveau train de mesures pour accélérer le développement des compétences des demandeurs d'emploi mais aussi des salariés dont le métier évolue.
Ce « plan de réduction des tensions de recrutement » représente un budget de 1,4 milliard d'euros en 2021 et 2022. Une enveloppe qui va permettre de pousser un cran plus loin les mesures en faveur de la formation déjà engagées depuis 2018, dont le plan d'investissement dans les compétences, ainsi que les dispositions exceptionnelles mobilisée pendant la crise sanitaire.
600 millions pour former 350 000 salariés
Pour sécuriser la relance par les compétences, le gouvernement va agir à deux niveaux. Il s'agit d'une part d'aider les entreprises et notamment les PME à faire face aux mutations en accompagnant la formation et la reconversion de leurs équipes. Pour ce faire, 600 millions d'euros vont être débloqués « immédiatement via le Fonds national pour l'emploi » (FNE). Objectif : permettre aux PME de moins de 300 salariés de former 350 000 personnes supplémentaires. Le dispositif « Transitions collectives » qui tarde à décoller va par ailleurs faire l'objet d'une série d'ajustements pour faciliter son déploiement (lire ci-dessous).
Former 1,4 million de demandeurs d'emploi
Autre priorité du gouvernement : favoriser la formation et le retour à l'emploi des chômeurs. Le plan d'investissement dans les compétences (Pic) centré depuis 2018 sur les demandeurs d'emploi peu ou pas qualifiés va s'étoffer. Objectif : former 1,4 million de demandeurs d'emploi supplémentaires en 2022. Pour y parvenir, l'État s'engage à allouer 560 millions d'euros supplémentaires en portant « une attention particulière » aux chômeurs de longue durée inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an. Ce volet du « plan de réduction des tensions de recrutement » associera les Régions avec lesquelles l'État va signer de nouvelles conventions dans le cadre du Pic, ainsi que Pôle emploi chargé de mettre en œuvre un accompagnement renforcé et des actions de remobilisation.
Accélérer le retour à l'emploi
Vis-à-vis des demandeurs d'emploi, le gouvernement mise sur des actions de formation au plus près du terrain débouchant tant que faire se peut sur des embauches. Les préparations opérationnelles à l'emploi (POE) qui ont « montré leur efficacité » avec un taux de retour à l'emploi de 85 %, selon Jean Castex, seront ainsi privilégiées. Objectif visé : former 50 000 personnes via ce dispositif.
Aides à l'embauche pour les chômeurs de longue durée
Dans la même logique, le gouvernement va soutenir la formation en alternance. Les entreprises qui recruteront un demandeur d'emploi de longue durée en contrat de professionnalisation pourront bénéficier, la première année, d'une aide à l'embauche de 8000 euros. Ces aides au recrutement mobiliseront à elles seules une enveloppe de 240 millions d'euros pour faire passer de 30 000 à 40 000, le nombre de contrats signés par des demandeurs d'emploi de longue durée.
Sur un total de 1,4 milliard d'euros programmés en 2021 et 2022, 900 millions seront mobilisés dès cette année en redéployant des crédits d'urgence déjà budgétés mais non utilisés. Pour les 500 millions prévus l'an prochain, un amendement sera déposé au projet de loi de finances 2022 adopté le 22 septembre en conseil des ministres.
TransCo évolue
Ce nouvel outil coconstruit avec les partenaires sociaux fait l'objet d'ajustements pour faciliter son déploiement. - Le dispositif pourra désormais être mobilisé pour financer des reconversions dans le cadre d'une rupture conventionnelle collective. - Dans les PME de moins de 300 salariés, la signature d'un accord de gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) ne sera plus nécessaire. Une simple consultation du Comité social et économique sur les métiers menacés sera suffisante pour enclencher le dispositif. - Et pour faciliter la mise en relation des entreprises qui cherchent à recruter et celles qui font face à des mutations, le gouvernement va allouer une enveloppe de 30 millions d'euros aux 86 plateformes territoriales chargées d'accompagner les transitions professionnelles. Des moyens qui leur permettront de bénéficier d'un « budget d'ingénierie » et de l'appui de « délégués à l'accompagnement des reconversions professionnelles » dans chaque département, a précisé la ministre du Travail. |