« Les opérateurs de compétences doivent pouvoir disposer de moyens suffisants pour former et organiser la mobilité de leurs salariés » (René Bagorski)
René Bagorski, président de l'Afref est co-auteur avec Jean-Marie Marx du rapport sur les opérateurs de compétences réalisé à la demande de la ministre du Travail et remis en septembre 2018. Il fait le point sur les enjeux opérationnels de ces nouveaux organismes paritaires.
Par Catherine Trocquemé - Le 26 avril 2019.
Le Quotidien de la formation : Quel bilan dressez-vous du paysage des 11 opérateurs de compétences agréés par le décret du 31 mars 2019 ?
René Bagorski : On ne peut que se féliciter du travail colossal réalisé par les partenaires sociaux. Le dialogue inter-branches a été renoué et représente un socle prometteur pour l'avenir. L'État, de son côté, a tenu son engagement de n'agréer que des opérateurs présentant un champ d'intervention cohérent, condition essentielle au bon fonctionnement du nouveau système. Le rapprochement des banques d'un côté et de l'industrie de l'autre représente ainsi une réelle avancée. Le périmètre de l'organisme à forte intensité de main d'œuvre reste plus complexe à organiser. Le projet ouvert par le gouvernement de regrouper d'ici deux ans les opérateurs de la cohésion sociale et de la santé soulève des questions juridiques dans la mesure où chacun d'eux a été agréé selon les critères en vigueur. Mais, dans l'ensemble, nous disposons aujourd'hui d'outils en capacité de mettre en œuvre la réforme.
QDF : Quels sont les enjeux à court terme des opérateurs de compétences ?
R. B : La première priorité concerne la transformation de leurs équipes pour remplir leurs nouvelles missions. Les opérateurs de compétences doivent pouvoir disposer de moyens suffisants pour former et organiser la mobilité de leurs salariés. Tout se jouera dans la convention d'objectifs et de moyens qui sera signée avec l'État. Autre point stratégique, la continuité de service pour les entreprises et les organismes de formation repose sur la réussite des dévolutions d'une structure à l'autre. En parallèle, les opérateurs de compétences ont à construire une offre de proximité. Cette mission ne peut pas se limiter à des plateformes digitales et doit s'appuyer sur des ressources territoriales.
QDF : Comment garantir une gouvernance efficace ?
R. B : Le conseil d'administration doit être un outil de décision et un relais pour les politiques de branches. En aucun cas il ne doit se résumer à la consolidation des anciennes structures. Dans notre rapport nous avions insisté avec Jean-Marie Marx sur la création de commissions transversales notamment sur deux sujets phares, la prospective des compétences et les certifications professionnelles. Il faut passer d'une approche verticale à une approche horizontale afin de développer des stratégies mutualisées.
L' Afref est l'Association française des responsables de formation.
Lire notre article sur le rapport Marx-Bagorski du 7 septembre 2018