Alban Fillion, apprenti boucher en finale des Olympiades des métiers
En termes d'ascenseur émotionnel, le mois de mars n'aura pas été anodin pour Alban Fillion. C'est l'avant-veille du début du confinement que cet apprenti boucher talentueux a décroché son billet pour les finales nationales des Olympiades des métiers. La relève familiale est assurée.
Par Nicolas Deguerry - Le 14 septembre 2020.
Médaille autour du cou, coupe dans la main droite, certificat dans la main gauche et casquette Olympiades des métiers 2020 vissée sur la tête, la photo des finales régionales Ile-de-France qui se sont tenues les 13 et 14 mars à Paris le proclame : Alban Fillion est l'incontestable lauréat de cette édition ! Le voilà propulsé à Lyon pour participer, en décembre 2020, aux finales nationales. Mais ce qui attire tout particulièrement notre attention sur ce cliché mémorable est le badge épinglé à sa veste de compétiteur : « Artisan & boucher, un savoir-faire en héritage. »
Père, frère et fils…
Difficile de trouver slogan plus adapté pour celui qui réalise son apprentissage dans la boucherie Fillion, au fronton de laquelle pourrait être gravée "Fillion Frères (et, bientôt, fils)". Avec son père aux commandes et son oncle pour maître d'apprentissage, Alban est pour ainsi dire bien né. Autant dire que l'orientation n'a rien eu du casse-tête pour celui qui se souvient avoir, « toujours vu de la viande de qualité travaillée avec un savoir-faire, autant dans la préparation que dans la présentation, pour satisfaire une clientèle exigeante ». À 17 ans et dans une autre bouche que la sienne, la tirade pourrait paraître un brin formatée. Mais l'œuvre modelée aux Olympiades montre qu'il sait hisser la pratique à hauteur du discours. Trois mois d'entraînement quotidien, ou presque, pour travailler la matière et réaliser le jour J une présentation ornée de quelques monuments emblématiques de la capitale : du travail, du savoir-faire, de la préparation et de la présentation pour, finalement, satisfaire un jury pointilleux.
Rythme soutenu
Apprenti à l'École professionnelle de boucherie, Alban a vu son parcours bousculé par l'irruption de la crise du Covid-19 mais certainement pas suspendu. Avec les enseignements du CFA transmis à distance (voir notre article), l'emploi du temps s'est révélé « un peu compliqué à gérer », euphémise-t-il. Répondant à la catégorie des commerces permettant des « achats de première nécessité », les boucheries ont beaucoup travaillé et les journées d'ordinaire déjà bien remplies ne se sont pas allégées. Pour lui qui dit préférer le temps passé en entreprise, l'épisode ne restera pas comme un traumatisme. Couper, désosser, séparer ou même éplucher, ficeler et décorer, Alban Fillion aura eu le temps de parfaire sa technique. Et dans l'attente de la finale nationale des Olympiades des métiers reportée au 15 au 17 décembre prochain, il peut s'en remettre à sa ligne de conduite : « Je travaille, je sais ce que je peux faire et je donne le meilleur de moi-même ! » Et de conclure : « En général, ça va tout seul… »