Alsace : des projets transfrontaliers pour les apprentis post-bac

L'Alsace mise, comme de nombreuses Régions, beaucoup sur l'apprentissage, qui “intéresse de plus en plus les jeunes en raison de la possibilité d'avoir un salaire, mais aussi parce qu'il facilite l'insertion sociale", comme le souligne Steven Thénault, directeur du service Éducation-formation au Conseil régional. Illustrations.

Par - Le 16 septembre 2010.

Depuis 2006, la Région, en partenariat avec la communauté urbaine de Strasbourg, les chambres consulaires, la Direccte, le rectorat et leurs partenaires allemands, travaille sur un projet qui permettrait aux apprentis infra-bac d'être sous contrat dans une entreprise allemande tout en étant formés dans un CFA d'Alsace (et réciproquement, pour les apprentis allemands). Mais en raison de difficultés venant des caisses allemandes, concernant la couverture sociale de l'apprenti, la mise en œuvre du projet a été reportée et est en cours de finalisation. Il devrait être sécurisé et opérationnel pour la rentrée 2011.

Partant de cette expérience, en 2008, la Région a toutefois poursuivi, seule, son projet pour les apprentis post-bac, l'Alsace en comptant pas moins de 1 000. “Nous avons mené une étude sur le système de formation par alternance dans le Land voisin (Bade-Wurtemberg), qui a permis d'identifier un réseau de huit établissements d'enseignement supérieur par alternance, regroupés au sein de la Duale Hochschule Baden-Wurtemberg et comptant plus de 20 000 étudiants en alternance", explique Dominique Philippe, chargé de mission développement qualitatif de l'apprentissage au Conseil régional. Le projet d'apprentissage transfrontalier “post-bac" se construit ainsi en partenariat avec ce réseau, et en concertation avec les services de la Direccte.

Les entreprises françaises et allemandes ont été contactées pour connaître leur éventuel intérêt pour ce projet. “Les Français ont été enthousiastes. Du côté allemand, ce sont surtout les PME de plusieurs dizaines de salariés qui ont été intéressées. Elles forment des jeunes allemands qui, souvent, rejoignent ensuite des grands groupes. Elles ont donc vu l'opportunité de garder les personnes formées, d'apporter une ouverture culturelle à leur entreprise et, également, une ouverture sur le marché français", poursuit Dominique Philippe.

C'est ainsi que la Région commence à recevoir des demandes émanant de candidats français, mais aussi d'entreprises comme de structures de formation (IUT, CFA universitaire). “Afin de rendre le dispositif opérationnel, même à titre expérimental, et pour répondre à ces demandes, nous avons donc élaboré un prototype de contrat de droit allemand qui permettrait à quelques premiers candidats français de signer avec une entreprise allemande, sur la base des exigences du diplôme français", précise Dominique Philippe.

Le dispositif a été proposé à Interreg[ 1 ]Lancée en 1991 par la Commission européenne, l'initiative Interreg a pour objectif de soutenir les activités régionales transfrontalières. http://sites.region-alsace.fr/interreg et devrait donc, s'il est accepté, durer trois ans et permettre à une centaine d'apprentis de vivre cette expérience. Son montant pour cette durée est de 300 000 euros, financée en théorie à 50 % par Interreg, 25 % par la Région Alsace et 25% par le réseau d'Universités allemandes. En outre, l'entreprise peut assurer ponctuellement, si elle le souhaite, une prise en charge de 50 à 100% des coûts de formation du jeune.

“C'est une grande première, se félicite Steven Thénault. Quand on parle mobilité en formation professionnelle, on évoque une période passée à l'étranger ou un stage en entreprise. La signature d'un véritable contrat d'apprentissage avec une entreprise d'un pays étranger est une réelle innovation."

Notes   [ + ]

1. Lancée en 1991 par la Commission européenne, l'initiative Interreg a pour objectif de soutenir les activités régionales transfrontalières. http://sites.region-alsace.fr/interreg