Bourgogne - À l'Institut international Joseph-Jacotot : la “distanciation" en formation

Par - Le 16 avril 2010.

“Parce que nous souhaitons évoquer la formation professionnelle autrement que par les statistiques, mais plutôt en parlant de compétences, de développement personnel et de promotion sociale, nous avons fondé l'Institut international Joseph-Jacotot." À travers ces quelques mots de Gérard Spéranza [ 1 ]Gérard Spéranza est directeur général adjoint du Pôle développement du Conseil régional de Bourgogne, et ancien directeur de la formation professionnelle. , membre fondateur de l'Institut, le décor est planté.

L'Institut est issu d'une volonté régionale exprimée dans le PRDF de 2004, dont l'un des axes était l'amélioration de la qualité de la formation professionnelle. Après la création du Prim' (Pôle régional d'innovation dans les métiers de la formation et de l'orientation), l'idée des acteurs locaux étaient de favoriser la recherche sur la formation professionnelle.

Ainsi, l'Institut est doté d'un conseil d'administration (composé de représentants du Cnam, de l'Agefiph, de l'InterCarif, du Céreq, de la Région, du C2R, de l'Université de Bourgogne, de l'Agefos-PME, etc.), mais il a également un conseil scientifique composé de sept chercheurs, dont Patrick Mayen. L'Institut est issu “d'une conjonction de rencontres entre le Conseil régional, le C2R (le Carif de Bourgogne), et des chercheurs qui souhaitent renforcer la qualité de la formation professionnelle", synthétise Gérard Spéranza. Les thèmes de recherches se construisent autour de la notion de compétences, et l'évolution de la professionnalisation des acteurs.

Mais attention, l'Institut international Joseph-Jacotot n'est pas une structure de formation supplémentaire, “son but est de remettre en avant l'innovation et la distanciation en matière de formation professionnelle. Il faut reconnaître qu'en France, les pédagogies individuelles ont beaucoup de mal à s'imposer", explique Gérard Spéranza.

L'Institut a également été conçu dans une dimension interrégionale, régionale et européenne : “Car si nous voulons dépasser le cadre de la gestion de la formation professionnelle, il faut sortir du territoire de la Région", poursuit Gérard Spéranza. D'ailleurs, le président de l'Institut, Paul Timmermans, est belge. Il est chargé de mission emploi-formation pour le ministre du Développement durable de Belgique. Quand on lui a proposé la présidence, il a accepté immédiatement : “La Région Bourgogne est très novatrice en matière de formation professionnelle. J'avais eu l'occasion de travailler avec la Maison de l'emploi et de la formation d'Auxerre, dont Gérard Spéranza était directeur à l'époque."

Pour Paul Timmermans, grâce à l'Institut international Joseph-Jacotot, “les Institutions ou les universitaires peuvent enfin communiquer". Et le président de nous expliquer pourquoi avoir choisi le nom de Joseph Jacotot : en 1818, ce Français exilé aux Pays-Bas (dont faisait partie la Belgique à l'époque) était professeur à l'Université de Louvain. Il a dû enseigner le français à des néerlandais et est passé par une traduction en latin des deux langues. Pour Paul Timmermans, deux choses sont à retenir de cette expérience : “Il n'est pas nécessaire que le formateur en sache plus que le formé pour que la formation soit une réussite, et l'on peut commencer une formation n'importe quand, sans établir de schéma précis." L'Institut international Joseph-Jacotot mise donc sur la pédagogie différenciée.

Cette année, il prépare deux numéros spéciaux de la revue Éducation permanente : l'un sur la thématique “Travail et territoires", et l'autre reprendra les contributions d'universitaires. Un colloque sera également co-organisé au mois de novembre avec cette revue.

[(Joseph Jacotot

Joseph Jacotot, né à Dijon (1770-1840), docteur ès lettres à dix-neuf ans, puis avocat et docteur en droit, enfin docteur en mathématiques, militaire pendant la Révolution, dirigea ensuite successivement des écoles prestigieuses en France et en Belgique. Ce pédagogue avait pour maximes : “Toutes les intelligences sont égales", “Qui veut peut", mais aussi “On peut enseigner ce qu'on ignore". Il a proposé une méthode d'enseignement reposant sur la révélation à l'individu de sa capacité d'apprendre par lui-même, plutôt que sur le transfert du savoir de maître à élève.)]

Notes   [ + ]

1. Gérard Spéranza est directeur général adjoint du Pôle développement du Conseil régional de Bourgogne, et ancien directeur de la formation professionnelle.