Comment mettre en place le “droit à l'orientation" ?

La mise en œuvre du droit à l'orientation prévu par la loi du 24 novembre 2009 a été au cœur des débats d'une table ronde le 29 janvier à l'UHFP, réunissant notamment la délégation interministérielle à l'orientation, Pôle emploi, l'Onisep, la Cité des métiers de paris, et Pierre Ferracci, en qualité de grand témoin.

Par - Le 01 mars 2010.

D'entrée de jeu, ont été évoqués les chantiers auxquels devra faire face le futur délégué à l'information et à l'orientation, fonction créée par la loi et qui se substituera à celle de l'actuel délégué interministériel à l'orientation. Pour ce dernier, Bernard Saint-Girons, pour atteindre l'objectif d'une orientation tout au long de la vie, le futur DIO devra “créer une plateforme de premier niveau, qui devra naître de la concertation entre les différents opérateurs qui auront réalisé un diagnostic partagé". Le DIO devra aussi mettre en place une démarche qualité qui sera évaluée. Pour cela il faudra donc définir les indicateurs d'évaluation (quelles attentes du public, de quelle manière y répondre, etc.). Bernard Saint-Girons a ainsi appelé à “une concertation rapide". En tant que DIO, il a aussi transmis deux conseils à son successeur : “Rechercher des convergences tout en respectant les métiers pour la mise en place de la boîte à outils qui permettra l'accès à l'orientation tout au long de la vie", mais aussi de faire en sorte que les initiatives locales et territoriales soient une base des différentes initiatives qui seront menées.

Pour Pascal Charvet, directeur de l'Onisep, “la culture du choix devra se substituer à ce qu'on a connu". Concernant la plateforme, pour lui, “si un conseiller ne peut pas tout dire en raison de la complexité du paysage de la formation, elle pourra cependant remplir son rôle de première information".
Quant à Carine Chevier, directrice de cabinet et responsable du projet de transformation de Pôle emploi, elle estime que “la loi conforte Pôle emploi dans ses missions d'orientation et de placement". L'orientation pour mieux “placer", mais aussi pour mieux former. Elle a également rappelé que Pôle emploi travaillait en interface avec de nombreux prestataires.

Olivier Las Vergnas, directeur de la Cité des métiers, a affirmé que “si la loi et le rapport Guégot parlent de lieux uniques d'orientation, cela ne signifie pas un guichet unique qui ne prenne pas en compte la spécificité de chacun, mais des réseaux de centres associés, en définissant des critères de convergence qui aboutiront à ces lieux uniques. Le but étant de mettre en place une ré-ingénierie, notamment à travers la labellisation".

Pierre Ferracci, président du groupe Alpha et grand témoin de cette table ronde, a rappelé que certes, la coordination était une bonne chose, mais pour lui “une bonne simplification, qui n'a pas eu lieu, vaut mieux qu'une large coordination. Aussi, espérons que cette coordination soit satisfaisante". Il a ensuite posé la question de la labellisation. Concernera-t-elle l'ensemble du dispositif ou se fera-t-elle site par site ? Enfin, il a évoqué la professionnalisation des orienteurs, recommandée par le rapport Guégot, et “par laquelle il faudra passer, pour améliorer l'offre d'orientation et de formation".

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Philippe Caïla : "Orienter ne se résume pas à informer"

L'intégration par Pôle emploi des personnels de l'orientation de l'Afpa à partir d'avril prochain représente pour Philippe Caïla, directeur général de l'Afpa, “une déchirure du contrat social donné à l'Afpa" et “induit une vraie question identitaire pour l'association, d'autant plus que depuis les vingt dernières années, l'Association s'était spécialisée dans la formation professionnelle des demandeurs d'emploi". L'Afpa se réorientera donc vers la formation des actifs dans leur parcours tout en gardant les niveaux bac et infra bac. Enfin, Philippe Caïla a rappelé qu'“orienter ne se résume pas à informer" et en cela, l'Afpa pourra “pré-qualifier le stagiaire et l'accompagner avec comme objectif une prescription et une orientation plus efficaces pour être dans une logique de performance de la formation".
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“Jean-Marie Marx : "Les pratiques devront évoluer"

Jean-Marie Marx, directeur général de l'Agefaforia (Opca des industries agroalimentaires), chargé par Laurent Wauquiez d'une mission sur la formation des demandeurs d'emploi [ 1 ]Voir L'Inffo n° 762, pp. 2-3. , a rappelé que “la question de l'orientation était principale dans le retour à l'emploi". Pour lui, les pratiques vont devoir évoluer : “L'ensemble des intervenants devra désormais prendre en compte une orientation qui arrive parfois tardivement dans le parcours des demandeurs d'emploi." Or, “en période de chômage, l'orientation est essentielle, en raison de la mobilité professionnelle", 72 % des demandeurs d'emploi retrouvant un emploi complètement différent du précédent. “Il faudra donc articuler les différentes phases de l'élaboration du projet professionnel et de l'engagement dans le parcours de formation". Le directeur de l'Agefaforia a également souligné “les délais extrêmement importants d'entrée en formation", ajoutant que “50 % des demandeurs d'emploi abandonnent la formation". Mais “tout cela n'a de sens que si l'on questionne l'offre de formation, qui devra être en capacité de répondre", a poursuivi Jean-Marie Marx, qui a lancé un appel pour “la mise en place d'une carte orientation pour les demandeurs d'emploi".
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Notes   [ + ]

1. Voir L'Inffo n° 762, pp. 2-3.