Emmanuel Maurel, nouveau vice-président en charge de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de l'alternance au Conseil régional d'Île-de-France : “La Région Île-de-France va lancer un plan alternance avec les partenaires sociaux"

Par - Le 01 août 2010.

Emmanuel Maurel enseigne le droit constitutionnel à l'IEP de Paris. Il a été vice-président en chargé des affaires internationales et européennes de 2004 à 2010. Il est également secrétaire national à l'Université permanente et aux Universités d'été au sein du Parti socialiste.

Au-delà des mesures pour les jeunes en insertion (voir notre article), vous avez annoncé la mise en place d'un “plan alternance". De quoi s'agit-il ?

Nous voulons aller vers plus de coordination et de cohérence. Dans la logique de sécurisation des parcours professionnels, il s'agit de renforcer les articulations, de construire des passerelles, d'améliorer les complémentarités entre les contrats d'apprentissage et les contrats de professionnalisation. Nous souhaitons que le plan alternance soit élaboré et mis en œuvre de façon concertée, via une conférence régionale réunissant l'ensemble des acteurs concernés. Nous nous sommes fixés deux objectifs : atteindre150 000 jeunes en alternance avant la fin de la mandature et construire un mode de pilotage partenarial des contrats en alternance, avec l'État et les partenaires sociaux. La commission multipartite que nous avons mise en place au sein du CCREFP[ 1 ]Comité de coordination régional de l'emploi et de la formation professionnelle. va nous permettre d'avancer dans ce sens. Nous allons par ailleurs développer les lycées des métiers et mettre en place une bourse pour les contrats de professionnalisation. Dans les prochains mois, notre gros dossier sera la réalisation d'un rapport-cadre sur l'investissement et le fonctionnement de l'apprentissage.

Fin 2009, lors du vote du budget, la concrétisation d'un SPRF était annoncée. Quelle orientation souhaitez-vous lui donner ? À qui s'adressera-t-il ?

Le service public régional de formation et d'insertion professionnelle a été créé par le Conseil régional d'Île-de-France en juin 2009. S'il y a une orientation à lui donner, c'est bien celle de la visibilité. Et cela passe par une simplification de nos dispositifs, pour que celles et ceux qui ont besoin de se former pour travailler puissent s'y retrouver et aient facilement accès à des services de qualité. Ce SPRF se met en place au travers d'un exercice de refonte globale et progressive des dispositifs régionaux, entamé en septembre 2009. En 2011, l'ensemble des programmes régionaux de formation des personnes privées d'emploi auront intégré les principes du service public régional et auront été adaptés en conséquence.

Vous allez mettre en place le “contrat de plan régional de développement des formations professionnelles" pour 2011. Quels en seront les chantiers principaux ?

Le contrat de plan de développement des formations professionnelles est un exercice nouveau, qui sera utile et intéressant s'il nous permet à tous, Région, État, partenaires sociaux et acteurs professionnels, de partager des grands objectifs politiques, de définir des principes d'action communs et d'identifier les moyens mobilisés. Ce contrat de plan doit être un cadre simple et opérationnel, pas un recueil de bonnes intentions. Nous avons entamé, au sein du CCREFP, un travail avec nos partenaires sur deux piliers de ce contrat que sont l'orientation et l'alternance. Sur ces sujets-là comme sur d'autres les chantiers que nous devons poursuivre et lancer consistent à construire plus de coordination pour sécuriser les parcours de formation et d'insertion professionnelles.

La préparation du programme qualifiant “Compétences", destiné aux demandeurs d'emploi, est-elle finalisée ?

Nous avons un objectif quantitatif de placer 100 000 demandeurs d'emploi en formation, dans des formations plus qualitatives, plus sûres et plus simples. Le nouveau programme régional “Compétences", mis en œuvre dans le cadre du service public régional, vise ainsi à réunir l'ensemble des formations régionales à vocation qualifiante, correspondant auparavant à sept dispositifs différents. Il connaîtra sa première concrétisation en septembre 2010, avec le démarrage des formations des secteurs industrie-bâtiment-agriculture-environnement. Les formations dans les services aux personnes et aux entreprises suivront en 2011.

Quels sont vos projets pour l'orientation ?

Nous allons travailler étroitement avec ma collègue Henriette Zoughebi, en charge des lycées, pour construire une offre régionale de service public sur ce sujet central qu'est l'orientation, comme sur d'autres comme la prévention et la lutte contre le décrochage. Nous avons besoin d'un espace régional de l'orientation continue qui ne soit pas simplement l'application uniforme et univoque d'un cadre national. Sans remettre en cause la légitimité des acteurs sur ce sujet, bien au contraire, la Région veut avec ses partenaires avancer sur des sujets tels que le maillage territorial de l'orientation et de l'accompagnement à la construction du projet professionnel. Nous avons ainsi comme objectifs la création d'un espace de conseil en évolution professionnelle, de type “Cité des métiers", par département à l'horizon 2014.

Sur quelles filières et quels métiers la Région compte investir des formations en particulier ?

Tout d'abord les métiers verts. Un plan “Triple E : entreprise, écologie et emploi" permettra d'intensifier les partenariats. Conformément aux propositions d'Europe Écologie, des États généraux de la conversion économique et sociale seront organisés afin de prendre en compte la dimension spécifique de l'écologie dans tous les métiers. En Île-de-France, les métiers du cinéma et de la culture sont également très présents. Il faudra clairement développer des formations et des filières d'apprentissage pour ces métiers et, enfin, nous proposerons également des formations sur les métiers à forte valeur ajoutée, tel que ceux de l'ingénieur.

[(Le 8 juillet dernier, la Région Île-de-France a voté, lors de la commission permanente, un budget de 5,8 millions d'euros au développement de l'apprentissage dans le secteur public et associatif en 2010.)]

Notes   [ + ]

1. Comité de coordination régional de l'emploi et de la formation professionnelle.