Entretien avec Annick Fortin, directrice du CFA de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris

La CCIP veut voir se développer un “Erasmus des apprentis"

Le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), Pierre Simon, a déclaré, lors de ses vœux à la presse le 15 janvier dernier, que “l'enjeu, pour l'année 2010, est de voir se développer notre Erasmus des apprentis". Annick Fortin précise la volonté de la CCIP et fait le point sur la mobilité des apprentis en Europe.

Par - Le 16 février 2010.

Qu'a voulu dire le président de la CCIP en évoquant le développement d'Erasmus ?

C'est un appel à l'Union européenne pour que la mobilité des apprentis se généralise. Concrètement, cela se traduit par une demande de financement de l'UE pour la mobilité des apprentis, au même titre que le programme Erasmus pour les étudiants. Nous ne le faisons pas pour la CCIP, qui, sur ses 4 300 apprentis, a pu offrir l'opportunité de partir à 700 d'entre eux en 2009, et ceci en grande partie grâce au Conseil régional d'Île-de-France.

Pierre Simon a parlé de l'“Erasmus des apprentis" comme étant un programme de la CCIP. Pourtant, l'Erasmus version apprentis, n'est-ce pas le programme Leonardo ?

Nous l'avons appelé comme cela parce que le “programme Erasmus" parle aux gens, c'est devenu un label, alors que le programme Leonardo, qui est son équivalent pour les jeunes au niveau infra-bac, n'est pas du tout connu. Or, la mobilité est incontournable pour tout le monde dans ce contexte de mondialisation, et elle est aussi une valorisation de l'apprentissage. Il n'y a aucune raison aujourd'hui qu'un apprenti n'ait pas la même chance de mobilité que les autres. C'est un leitmotiv de la CCIP.

Quelles sont les difficultés auxquelles doit faire face le programme Leonardo ?

Il existe deux difficultés pour la mobilité des apprentis. Tout d'abord, les entreprises ont du mal à accepter que les jeunes puissent partir à l'étranger sur un laps de temps assez long. Elles ne voient pas toujours le retour sur investissement, d'où la nécessité de construire des partenariats avec des entreprises à l'étranger. La deuxième difficulté est la circulation d'une idée fausse selon laquelle la délégation de compétences d'une entreprise française vers une entreprise européenne n'est pas possible, alors qu'elle l'est.

Quelle serait pour vous l'application idéale de la mobilité des apprentis en Europe ?

C'est la reconnaissance du jeune dans les autres pays d'Europe. Nous avons déjà Europass, qui permet au jeune de répertorier ses expériences dans un cadre administratif, mais ce n'est pas suffisant. La CCIP, l'Anfa et l'Éducation nationale ont d'ailleurs été mandatées par essaimer le système de crédits Ecvet [ 1 ]European credit for vocational education and training. http://ec.europa.eu/education/ecvt/slides_fr.pdf (crédits européens d'apprentissage). Nous allons ainsi mettre des outils de formation et d'information à la disposition des structures en charge, dans les 27 pays de l'UE, d'aider les lycées professionnels à “Ecvetiser" leur formation.

[(
Leonardo da Vinci

Le programme Leonardo da Vinci (créé en 1995) est aujourd'hui - tout comme Erasmus - l'un des “programmes sectoriels" englobés dans le programme “Éducation et formation tout au long de la vie" (EFTLV). Comme auparavant, il concerne spécifiquement la formation professionnelle. Il permet notamment la mobilité des personnes désireuses d'acquérir une expérience en Europe. Il facilite aussi les échanges de “bonnes pratiques" entre responsables de formation, et constitue un appui à la mise en place de nouveaux outils et méthodes de formation.

Pour le volet “Leonardo Mobilité" 2010, la candidature en ligne est ouverte à l'adresse www.europe-education-formation.fr/leonardo.php
)]

Notes   [ + ]

1. European credit for vocational education and training. http://ec.europa.eu/education/ecvt/slides_fr.pdf