Nord-Pas-de-Calais - Bilan du dispositif expérimental Minerv : 150 salariés de PME-TPE engagés dans une VAE

Après trois ans d'expérimentation, le programme expérimental Minerv (Modéliser pour l'industrie des expériences de recours à la VAE) s'est achevé le 31 décembre 2009. Développé dans le Nord-Pas-de-Calais à l'initiative du service formation continue de l'Université de Lille-I, il a fédéré plusieurs acteurs : Opcalia, le Medef, l'Éducation nationale et l'Afpa. Bilan.

Par - Le 16 avril 2010.

Le projet Minerv répondait à un appel à propositions lancé fin 2006 par le ministère de l'Industrie : “Capital humain : gagner en compétences pour gagner en compétitivité." Le budget du dispositif était de 720 000 euros pour les trois ans, dont 50 % pris en charge par le ministère, le reste étant financé par le FSE et les différents partenaires.

“Notre projet poursuivait deux objectifs, explique Lionel Genetelli, responsable développement à Lille-I. Le premier était de sensibiliser et accompagner les PME et TPE de l'industrie à l'intérêt de la VAE comme outil d'accompagnement des parcours professionnels, et de les accompagner dans la mise en œuvre de dynamique de GPEC susceptibles de mobiliser la VAE. Le second était de modéliser notre approche par la capitalisation et la formalisation de résultats, ce qui s'est traduit par la création d'une boîte à outils."

“Chacun des partenaires du projet a fait abstraction de ses propres productions pour créer un outil commun", précise Olivier Marty, directeur d'Opcalia Nord-Pas-de-Calais. Du reste, “la VAE, outil révolutionnaire qui reconnaît la valeur formative du travail, était à l'époque encore peu utilisée", ajoute Alice Jumeaux, chargé de mission au Medef Nord-Pas-de-Calais.

Un plan d'action co-construit

Sur 500 entreprises contactées, 100 ont été sensibilisées (ce qui signifie qu'elles ont eu au moins un entretien avec une personne du dispositif) et 50 se sont engagées dans le dispositif Minerv. Au total, 150 salariés se sont investis dans une démarche de VAE, la plupart pour des titres et des certifications de niveau V.

La démarche s'est avérée assez longue. Il fallait “mobiliser les différentes forces vives des entreprises qui, pour la plupart, n'ont pas de DRH", explique Olivier Marty. Certaines ont été visitées sept fois. Nécessitant parfois “un véritable tour de force pour faire comprendre qu'une VAE, c'est un investissement", confie le directeur d'Opcalia Nord-Pas-de-Calais, qui confirme que “la formation n'est pas une habitude dans les petites entreprises. Il fallait rassurer". Plus l'entreprise est petite, plus “l'urgence économique l'emporte sur tout le reste", renchérit Lionel Genetelli.

Lorsque le diagnostic a été réalisé, un plan d'action a été “co-construit" par l'entreprise et les acteurs de Minerv, via une étude d'opportunité. Cette étape terminée, il restait à déterminer un dispositif interne pour informer les salariés sur la VAE, et enfin, troisième et dernière étape, les accompagner dans ce qui reste une démarche personnelle : “Même si des personnes ont le même travail, elles n'ont pas suivi les mêmes études ou pas eu la même évolution professionnelle", rappelle Alice Jumeaux.

Une boîte à outil bientôt accessible sur internet

Parfois, la VAE n'était pas l'outil adéquat, notamment “dans les entreprises où une problématique de transfert devait être traitée dans un premier temps, ou bien sûr quand les salariés avaient moins de trois ans d'expérience professionnelle", précise Alice Jumeaux.
Au final, Lionel Genetelli estime que les “la VAE est un sujet difficile. Nous avions une approche intersectorielle, et la crise est arrivée en plein milieu du dispositif". Heureusement, “dans le Nord-Pas-de-Calais, les acteurs publics collaborent beaucoup sur la VAE. Dans notre région, elle s'est mise en place dès 2002, dans un cadre interinstitutionnel. De nombreuses démarches ont été entreprises, que ce soit dans les PME ou dans des entreprises à vocation internationale, comme Leroy Merlin, par exemple. Ainsi, l'expérience du Medef et d'Opcalia en matière de mise en place de politiques emploi-formation et d'accompagnement des entreprises a été déterminante".

Minerv a pris fin le 31 décembre 2009, mais le ministère de l'Industrie a proposé aux porteurs du projet de poursuivre l'accompagnement les entreprises qui ont adhéré au dispositif. La prochaine étape est la rédaction d'un rapport qualitatif et la mise en ligne de la boîte à outil sur le site de la DGCIS (Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services).

Si Minerv en tant que tel n'a pas vocation a été pérennisé, l'offre de service qui en découle, si. D'ailleurs, Olivier Marty aimerait que le principe soit développé pour d'autres entreprises, y compris celles qui comptent 50 salariés.