Questions à Brigitte Le Boniec, directrice formation et compétences de l'ACFCI

“Il faut pérenniser l'action des développeurs de l'apprentissage"

En marge de la 11e UHFP, les CRCI (Chambres régionales de commerce et d'industrie) et l'ACFCI (Assemblée des Chambres françaises de commerce et d'industrie (ACFCI) se sont réunies pour faire le point sur les priorités du réseau en 2010.

Par - Le 01 mars 2010.

Concernant l'alternance, quelles seront les priorités des CCI au cours de l'année 2010 ?

Dans le cadre du plan urgence pour les jeunes mis en place en avril 2009 avec l'objectif d'avoir 800 000 jeunes en alternance d'ici 2015, l'ACFCI a signé le 2 juillet avec Laurent Wauquiez un accord pour le développement de l'apprentissage. Notre objectif : visiter, de septembre 2009 à juin 2010, 50 000 entreprises pour les convaincre de l'intérêt de l'alternance. Pour cela, les CCI, avec le soutien du gouvernement, ont mis “100 développeurs" sur le terrain. Ce sont clairement des “missi dominici" qui ont des objectifs qualitatifs et quantitatifs. En décembre 2009, 15 000 entreprises avaient déjà été visitées et 4 000 nouveaux contrats d'apprentissage signés, dont 60 % dans des entreprises qui n'avaient jamais pris d'apprentis. Ces premiers résultats sont très encourageants.

Cette action des CCI va-t-elle être pérennisée ?

Nous sommes plusieurs acteurs à nous poser cette question. Cette action vise à convaincre les entreprises des bienfaits de l'apprentissage, notamment en cette période de crise, mais aussi de manière plus durable. C'est pourquoi, plutôt que de faire du “stop and go", nous proposons que ce dispositif s'inscrive dans une dynamique pluriannuelle (par exemple trois ans). Parallèlement, l'ACFCI souhaite que les mesures incitatives pour les entreprises décidées par le gouvernement pour développer l'alternance soient poursuivies au moins jusqu'au 31 décembre 2010, pour couvrir une seconde campagne d'apprentissage. Il ne faudrait pas donner l'impression d'abandonner les entreprises au milieu du gué.

Quelles sont vos autres chantiers ?

Toujours pour les jeunes, nous avons lancé une opération intitulée “Les mercredis de l'apprentissage" pour favoriser la rencontre entre les apprentis de nos 150 CFA et de jeunes collégiens ou lycéens. L'objectif est bien de montrer à ces jeunes que l'apprentissage n'est pas une voie de relégation.
Je pourrais ajouter aussi notre opération nationale “Nuits de l'orientation", qui mobilisent les chefs d'entreprise sur la présentation de leurs métiers et permettent aux jeunes et aux familles de dédramatiser leur choix d'orientation.
Enfin, pour revenir à l'alternance, les CCI souhaitent valoriser la fonction tutorale. Nous avons élaboré un parcours “Tuteur pro" qui peut mener au titre de “Tuteur en entreprise", déjà délivré par un certain nombre de grandes entreprises. L'ACFCI demande d'ailleurs une reconnaissance de ce titre par la Commission nationale des certifications professionnelles (CNCP).

Vous animez également le réseau “CCI Compétences". Où en êtes-vous ?

C'est effectivement un autre dossier important pour les CCI. Une centaine de Chambres ont adhéré à ce réseau qui a pour but de pré-diagnostiquer les besoins des entreprises, notamment des TPE et des PME, en matière de RH. La “Plateforme RH" de la CCI Grand Lille, un centre de ressources constitué de quinze personnes qui se rendent dans les entreprises, est une parfaite illustration de ce que peuvent faire les CCI en direction de leurs “ressortissants". Deux autres régions, Midi-Pyrénées et Auvergne expérimentent cette notion de plateforme avec notamment le soutien financier de la DGEFP. Nous sommes là au cœur des missions d'intermédiation assurées par les Chambres.

Les CCI mènent-elles aussi des actions en direction des seniors ?

Oui, bien entendu. La France est le pays d'Europe où le taux de chômage des seniors est le plus important. Nous venons de mener, à la demande du secrétariat d'État à l'Emploi et en partenariat avec le cabinet Vigeo [footnote]Auditeur, notamment en “responsabilité sociale], une expérimentation dans trois régions - Rhône-Alpes, Haute-Normandie et Auvergne - en vue d'élaborer un guide de bonnes pratiques en matière de gestion des seniors. Les audits réalisés auprès d'une trentaine de PME ont montré qu'elles réagissaient toutes avec beaucoup de pragmatisme en mettant l'accent sur la valorisation des compétences des seniors, sur leurs capacités à transmettre, etc. Certaines d'entre elles ont déjà mis en place des plans d'actions concrètes. Les résultats de cette opération ont fait l'objet d'une conférence de presse organisée le 11 février par l'ACFCI avec la participation de Laurent Wauquiez.

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